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des Comores

Transport maritime La vedette « Nadjma des Îles » clouée au mouillage par l’Anam

Transport maritime  La vedette « Nadjma des Îles » clouée au mouillage par l’Anam © : HZK-LGDC

Depuis plus de deux mois, la vedette Nadjma des Îles, fruit de neuf années de travail acharné d’Issa Mouhoudhoir, plus connu sous le nom de Lapro, reste immobilisée devant la plage de Mabahoni à Mohéli. Malgré l’ingéniosité locale mobilisée pour construire ce bateau, l’Agence Nationale des Affaires Maritimes (ANAM) refuse de lui délivrer l’autorisation de navigation, invoquant le Code de la marine marchande et l’absence de certification technique conforme aux normes internationales.


Âgé de 35 ans, natif de Mohéli, Lapro raconte avoir investi ses moyens, son énergie et son expertise pour bâtir, avec ses proches, sa propre vedette. Un projet de longue haleine, réalisé selon le savoir-faire local utilisé pour les autres embarcations opérant déjà sur l’île. Pourtant, la mise à l’eau de Nadjma des Îles, le 5 septembre 2025, n’a pas suffi pour obtenir le feu vert de l’autorité maritime. Selon l’Anam, l’article 94 du Code de la marine marchande stipule clairement que « toute personne physique ou morale ne peut s’adonner à aucune construction navale sans avoir reçu l’agrément de l’Agence nationale des affaires maritimes ». En conséquence, l’Anam demande au jeune constructeur de soumettre sa vedette à un examen réalisé par une société de classification ou une expertise régionale approuvée par l’Organisation maritime internationale (OMI), notamment en Tanzanie ou à Majunga.

 

« On m’a conseillé de contacter une expertise régionale à Majunga pour vérifier la stabilité, la flottabilité et d’autres aspects liés à la sécurité », explique Lapro. Mais une fois le contact établi, le jeune constructeur dit avoir reçu une réponse déconcertante : faute de convention entre les Comores et Madagascar dans ce domaine, « aucune expertise ne peut être officiellement réalisée » préciserait, selon Lapro, le contact à Madagascar. « Je me retrouve dans une impasse », déplore-t-il. « L’Anam me renvoie vers une expertise impossible à obtenir. » Malgré cela, Lapro refuse d’abandonner. Son ambition : créer son propre emploi, générer de l’activité économique et montrer qu’un Comorien peut construire un bateau digne de naviguer en toute sécurité. Face à ce blocage, il affirme désormais envisager de transformer Nadjma des Îles en bateau de pêche, si aucune solution n’est trouvée. Mais là encore, il craint de nouvelles restrictions : « J’ai peur qu’on m’empêche aussi de transporter des colis, ce serait incompréhensible ».

 

Dans sa correspondance, l’Anam avait pourtant assuré vouloir encourager toute initiative locale de construction navale. Une position qui contraste avec la situation actuelle du jeune entrepreneur, déterminé mais immobilisé. À Mohéli, l’affaire suscite un vif débat sur l’accompagnement des initiatives locales, la modernisation du secteur maritime et la nécessité urgente pour l’État d’établir des partenariats régionaux permettant de certifier les navires construits dans l’archipel.

 

Riwad

 


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