La Gazette

des Comores

Sommes-nous devenus fous pour rejeter les fous

Sommes-nous devenus fous pour rejeter les fous © : HZK-LGDC

A Mohéli il y’a à peine deux semaines, les mêmes images se sont reproduites à Moroni courant de cette semaine. Celles d’un fou, car il s’agit bien d’un, ligoté poings et pieds assis à même le sol dans une cour du quartier de la Coulée de lave au nord de Moroni.


Des membres ligotés, tête baissée, assis à même le sol, des morceaux de pains, des bouteilles de jus et de l’eau trainent aux alentours directs où est assis l’homme enchainé. Un fou. Un spectacle lugubre est saisissant de frayeur. Le jeune homme est connu dans les environs, il est bien connu des vendeurs de rue qui couvrent le marché dit des anjouanais jusqu’à la boulangerie mitoyenne des anciens magasins du programme alimentaire mondial. Il avait même élu domicile dans une maison en construction appartenant à une personnalité bien connue de la place.

En tout cas, le jeune est bien connu des services de l’ordre, il y’a un peu plus de deux ans, il aurait agressé au couteau sa tante au marché Volo-volo. Il y à peine deux semaines, il s’est battu avec un jeune homme de la Coulée, ce dernier l’accusant d’avoir traumatisé son neveu d’après les témoignages recueillis sur place. Ce dernier acte aurait conduit la gendarmerie a l’arrêter, mais après quelques jours passé au gnouf il a été libéré.

« C’est un malade qui vit au quartier et qui ne pas du tout agressif, sauf contre celui qui le cherche des noises » a témoigné une dame dans les réseaux sociaux. Toujours est-t-il que le traitement réservé à ce malade quel que soit ce qu’il aurait fait reste inhumain. « Il est enchainé des pieds et des mains et cloué a même la porte des douches, c’est un traitement qu’on a jamais vu dans notre pays », regrette-t-elle. Et de préciser : « C’est la gendarmerie qui a fait ça ».

Le rapport conflictuel entre la société et ceux qu’on appelle des fous a toujours interrogé voir fasciné les grands penseurs. Le manque d’empathie de la société envers le fou est parfois interrogateur. Pourtant la frontière entre les deux mondes est d’une infimité parlante. « La sagesse et la folie sont fort voisines. Il n’y a qu’un demi-tour l’une de l’autre. Cela se voit aux actions des hommes insensés » écrivait Michel Foucault, citant Charon, dans son livre « Folie et déraison, l’histoire de la folie à l’âge classique » qui date déjà de plus de soixante ans. Aux Comores, le manque de sensibilité de la société envers ses fous peut s’expliquer par un esprit individualiste exacerbé par la perte des valeurs du vivre ensemble, qui était le ciment de la société traditionnelle comorienne.

ASB

 

 

 

 

 


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