Devenue la norme d’un régime constamment sur le qui-vive, prêt à étouffer toute velléité de contestation, la répression a eu raison des meneurs du mouvement Rilemewa, qui a appelé à un rassemblement après la prière du vendredi. Deux d’entre eux sont en garde à vue depuis mercredi.
Qui pourrait encore s’en étonner, alors que la répression s’impose jour après jour comme la norme, au détriment de la liberté d’expression ? Mercredi dernier, deux meneurs du mouvement Rilemewa dont Ahmed-Hachim Said Hassane ont été arrêtés par la gendarmerie. Si cette dernière confirme leur placement en garde à vue dans ses locaux de Moroni, elle demeure néanmoins muette sur les raisons officielles de ces interpellations et la suite qui pourrait en découler.
Mouvement de la société civile, Rilemewa a appelé à un rassemblement à la place de l’Indépendance de Moroni après la prière du vendredi. Objectif : protester contre la corruption, la vie chère, l’impunité, l’injustice sociale, et défendre les droits fondamentaux des citoyens. Après une conférence tenue à Moroni mercredi, un des intervenants a été arrêté et placé en garde à vue à la gendarmerie, rejoignant un autre responsable interpellé un peu plus tôt dans la journée.
À cet effet La Gazette des Comores a interrogé l’opposition parlementaire. Par la voix de son secrétaire général Natuk Mouzaoir, elle demande leur libération immédiate. « Le climat politique est de plus en plus inquiétant. Alors que beaucoup espéraient un apaisement, c’est malheureusement l’intimidation qui est érigée en règle de gouvernance. Cette dérive intervient alors que le chef de l’État affiche son intention d’organiser des Assises nationales censées rassembler les Comoriens. Or les actes posés par le pouvoir vont à l’encontre de cet objectif d’unité nationale.
Nous dénonçons avec fermeté ces agissements et appelons nos concitoyens à faire preuve de retenue malgré les provocations. Nous souscrivons pleinement au ras-le-bol exprimé par la population que ça soit sur le plan social, politique ou économique. Ce mécontentement est tout à fait légitime. C’est pourquoi nous exigeons la libération d’Ahmed-Hachim et de son camarade de lutte. Chaque citoyen doit être en mesure de s’exprimer librement, sans aucune crainte ».
Sur les réseaux sociaux où l’appel est relayé, l’indignation monte. « On arrête, on enferme, on tue… et le peuple comorien ne réagit plus. Comme anesthésié, envoûté, endormi par la peur et la résignation », s’inquiète Zaki, cet internaute qui s’interroge « pourquoi ce silence ? » Il enchaine : « Ahmed-Hachim SaidHassane est arrêté pour avoir voulu manifester pacifiquement […] contre la corruption, l’injustice sociale et l’inflation. Mais avant lui, il y a eu le président Sambi, le gouverneur Salami, et tant d'autres qui croupissent dans les geôles comoriennes…Des assassinats étouffés, aucune enquête, et des coupables toujours en uniforme. Pendant ce temps, on regarde, on commente… puis on oublie. Et le régime avance, un otage après l’autre, dans le silence général ».
La notion de prise d’otage revient de plus en plus dans les réactions. Preuve d’une société civile de plus en plus inquiète face à l’érosion des libertés fondamentales.
TM
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