Depuis le début de la semaine, le débat autour du contrôle d'identité anime les rues de Mutsamudu, capitale de l’île d’Anjouan. Une opération menée par la police nationale, visible dans plusieurs quartiers, notamment dans les ruelles de la médina, suscite de vives réactions au sein de la population. Si certains dénoncent une action prématurée, d'autres y voient une nécessité pour renforcer la sécurité et l’ordre public.
Au cœur de cette actualité, une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre des agents des forces de l’ordre effectuant des contrôles. Le choc provoqué par ces images a divisé l’opinion publique. «Cette nouvelle pratique aurait dû s’accompagner d’une campagne de vulgarisation d’au moins six mois », déclare Farida Salim, citoyenne rencontrée à Mutsamudu. Pour elle, la précipitation dans l’application de cette mesure renforce la méfiance des habitants, déjà fragilisés par une situation économique tendue. Du côté des autorités, un vieil officier de police sur le terrain de contrôle (mais très respecté localement) prend la parole dans une vidéo largement relayée : « Chaque citoyen doit comprendre qu’avoir une pièce d’identité est une fierté. C’est une preuve d’appartenance à la nation, un droit mais aussi un devoir civique.» Son message, bien que ferme, se veut pacifique et éducatif, dans l’esprit d’une sensibilisation continue.
Pour Maître Ali Said, ancien instituteur, la problématique dépasse le simple cadre administratif. «La radio et la télévision doivent jouer un rôle clé dans cette campagne. L’éducation civique ne doit pas être marginalisée. Elle devrait commencer dès l’école primaire. Nos enfants doivent grandir en comprenant la valeur de l’identité nationale.» Son message résonne fortement dans une société où les valeurs citoyennes peinent parfois à s'imposer face aux urgences sociales et économiques. Sur le terrain, les réactions sont variées. Tandis que certains critiquent la démarche, soulignant que la priorité devrait être donnée à la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des services de base, d'autres, plus discrets ou favorables, estiment qu’un contrôle maîtrisé et bien encadré peut contribuer à la lutte contre la criminalité, les migrations illégales, et à une meilleure organisation de la société.
En filigrane, ce débat met en lumière une réalité souvent négligée : « la carte d’identité n’est pas qu’un simple document administratif" dit un haut gradé de l'armée. Elle est le « socle de la citoyenneté », a ajouté cet homme en uniforme, et selon lui encore, cette pièce d'identité est un outil essentiel pour accéder à l’éducation, à la santé, à l’emploi et à la justice ». Elle garantit l’existence légale de l’individu dans la société et sa reconnaissance par l’État. Malgré les tensions que cette opération de contrôle suscite, elle révèle aussi un besoin fondamental qui est celui d’ancrer profondément la culture de l’identité civique dans la conscience collective. Pour cela, l’État, les médias, l’école et les notables, les influences et les prêcheurs ont un rôle capital à jouer.
Younes
Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.