Mutsamudu, dans l'île d'Anjouan, est en proie à une crise alimentaire qui suscite des inquiétudes notamment sur « la flambée des prix du gingembre et l'absence de pommes de terre » sur les étals des marchés. Les témoignages des commerçants et des consommateurs révèlent une réalité troublante où la dépendance aux importations a des conséquences directes et néfastes sur la vie quotidienne de la population.
Ces derniers temps, l’on observe avec désolation que la pomme de terre, ingrédient fondamental de nombreux plats traditionnels, est devenue introuvable. Selon Soidik Ahmed, un marchand, cette pénurie est due à la dépendance excessive d'Anjouan vis-à-vis des importations : « Nous dépendons trop des bateaux venant de Madagascar, et avec la demande accrue liée aux fêtes, nos stocks sont épuisés. » De cette dépendance découle une précarité alimentaire qui pèse lourdement sur les ménages. L'absence de légumes sur le marché n'est pas un phénomène isolé. Pourquoi ne pas privilégier la culture sur place ? L'agriculture locale, si elle était davantage soutenue et valorisée, pourrait non seulement répondre à la demande interne mais aussi réduire la nécessité d'importation.
Le gingembre, lui aussi, connaît une flambée de prix, passant de 1500 à 3000 FC le kilogramme. Hachya Assane, une revendeuse, fait remarquer que cette augmentation des prix est également liée à la faible production locale. « Nous avons abandonné la culture du gingembre, et même le peu que nous récoltons est souvent exporté vers Mayotte, où les prix sont plus compétitifs », souligne-t-elle. Cette tendance à l'exportation au détriment de la consommation locale met en évidence la nécessité de repenser nos priorités en matière d'agriculture. Les périodes de fêtes religieuses, qui devraient être synonymes de partage et de convivialité, se transforment ainsi en moments de stress économique. Les familles ayant sillonné le marché ne trouvent que des étals vides, un constat amer pour des consommateurs démunis qui rêvaient de plats traditionnels. Il est urgent d'inverser cette tendance par une politique de promotion de l’agriculture locale, à travers des programmes de sensibilisation et d'incitation à la culture de produits essentiels.
En investissant dans l'agriculture, non seulement nous réduirons notre dépendance aux importations, mais nous créerons également des emplois, soutiendrons l'économie locale et garantirons une sécurité alimentaire durable pour les générations futures. Les autorités locales et les agriculteurs doivent se mobiliser pour développer des pratiques agricoles durables qui maximisent l'utilisation des ressources locales. Il est temps qu’Anjouan reprenne en main son destin agricole
Younes
Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.