Aux Comores, le projet de révision du Code de l’Information, actuellement examiné par l’Assemblée nationale en ce mois de décembre 2025, fait monter la tension dans les rédactions. En cause : une disposition qui autoriserait, dans des « cas exceptionnels », l’obligation pour les journalistes de révéler leurs sources. Une perspective jugée dangereuse par la profession, tant elle remet en question un pilier fondamental du journalisme.
Le Syndicat National des Journalistes Comoriens (SNJC) a vivement dénoncé cette mesure, estimant qu’elle ouvre la voie à des dérives liberticides. Pour les journalistes, toucher à la protection des sources revient à fragiliser leur travail, à exposer leurs informateurs et à instaurer un climat de peur et d’intimidation. Une telle révision pourrait décourager les révélations d’intérêt public et porter atteinte au droit des citoyens à une information libre et fiable.
Cette inquiétude dépasse le seul cercle des médias. De nombreux citoyens redoutent une instrumentalisation de la justice et une montée de l’autocensure, affaiblissant le rôle de la presse comme contre-pouvoir et comme lanceur d’alerte. Pour beaucoup, il s’agirait d’un pas préoccupant vers la censure, aux conséquences directes sur la vitalité démocratique du pays.
Face à cette situation, le SNJC a engagé un plaidoyer commun auprès des autorités, afin de préserver la confidentialité des sources journalistiques. Ils appellent également la société civile à se mobiliser pour défendre ce droit fondamental, indissociable de la liberté d’expression et de la démocratie.
Une assemblée tenue hier au Palais du Peuple, réunissant des membres du CNPA, le président du SNJC, des juristes et plusieurs journalistes, a permis d’examiner en profondeur la révision de l’article 169 relatif à la protection des sources. Les professionnels présents ont unanimement rejeté toute modification susceptible de mettre en péril leur mission et la relation de confiance avec le public. « Protéger les sources, c’est protéger notre métier et parfois même nos vies », a témoigné une journaliste lors des échanges.
Le ministère de l’Information, de son côté, a exprimé son soutien aux journalistes, rappelant que la crédibilité de la presse repose sur sa capacité à informer librement et avec vérité. Le CNPA, quant à lui, a préféré réserver ses commentaires pour le moment. Malgré certaines réactions jugées encourageantes de la part des élus, le SNJC affirme rester vigilant et pleinement mobilisé. « Si les journalistes sont contraints de révéler leurs sources, plus personne n’osera parler ni informer », a averti son président, soulignant que cette protection concerne l’ensemble des citoyens, et pas uniquement les professionnels des médias.
À l’heure où le débat se poursuit, une choses est sure, la liberté de la presse est à l’épreuve. Pour les journalistes, défendre la protection des sources, c’est défendre le droit de tous à une information libre, indépendante et au service de l’intérêt général.
Hamdi Abdillahi Rahilie (Stagiaire)
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