Le cyclone Kenneth, qui a frappé l’Union des Comores en avril 2019, reste l’une des catastrophes naturelles les plus destructrices de l’histoire récente du pays. Avec des vents dépassant les 200 km/h et des pluies torrentielles, il a ravagé des quartiers entiers, détruit des milliers d’habitations, arraché des toitures, provoqué des glissements de terrain et laissé derrière lui une population traumatisée, appauvrie et durablement fragilisée. Anjouan, déjà vulnérable sur les plans économique et social, a payé un lourd tribut à cette violence climatique.
Parmi les bénéficiaires du Projet Post-Kenneth, six sont originaires de Sima, un de Mutsamudu et un de Mirontsi, illustrant l’ampleur et la diversité géographique des dégâts causés par Kenneth sur l’île de Ndzuani. Chaque logement, d’une valeur estimée à 25 millions de francs comoriens, a été construit selon des normes parasismiques et paracycloniques, un choix stratégique face à la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes dans l’archipel.
Ces nouvelles habitations ne se limitent pas à offrir un toit. Elles traduisent une volonté affirmée de rompre avec la vulnérabilité structurelle mise en lumière par le cyclone Kenneth. Matériaux plus résistants, architecture adaptée et meilleure sécurisation des familles visent à renforcer la capacité de résilience des communautés face aux futures tempêtes.
À Anjouan, le passage de Kenneth avait révélé les failles d’un parc immobilier largement composé de constructions précaires, souvent dépourvues de normes techniques adéquates. Des centaines de maisons avaient été entièrement détruites, des infrastructures publiques gravement endommagées et des activités économiques paralysées. Les pertes matérielles se chiffraient en milliards de francs, tandis que l’impact social s’était traduit par des déplacements de populations, une aggravation de la pauvreté et une insécurité accrue.
À l’échelle nationale, le programme Post-Kenneth, mis en œuvre par le gouvernement comorien avec l’appui financier et technique de la Banque mondiale, prévoit la reconstruction de 184 logements destinés aux familles sinistrées et à faible revenu. À Ndzuani, l’investissement global s’élève à 1 713 864 290 francs comoriens, un effort financier conséquent qui témoigne de l’ambition d’aller au-delà de l’urgence humanitaire pour inscrire la reconstruction dans une dynamique de relèvement durable et de résilience, comme l’ont rappelé plusieurs médias locaux.
La remise de ces huit logements à Sima rappelle que, six ans après le passage du cyclone Kenneth, les cicatrices restent visibles. Elle montre toutefois que des réponses concrètes continuent d’être apportées. Reste désormais une question essentielle : face à des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes, les Comores sauront-elles transformer l’épreuve de Kenneth en un véritable tournant vers une reconstruction plus sûre, plus équitable et plus résiliente ?
Younes
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