Un des derniers dinosaures de la politique comorienne M. Omar Tamou vient de tirer sa révérence à l’âge de de 83 ans en France. Il aura marqué le paysage politico-médiatique de l’archipel avant et après l’indépendance. Né à Morondava à Madagascar de parents originaires de la villle de Foumbouni à Ngazidja, Omar Tamou a consacré toute sa vie à la politique.
C’est en 1963 qu’il débarque au pays pour remplacer un cadre de la compagnie Shell. Si c’est le prince Said Houssein qui l’a introduit en politique, c’est le président Said Mohamed Cheikh dans le cadre d’un renouvellement des cadres dirigeants du pays qui lui a mis les pieds à l’étrier. En 1968, il rejoint le RDPC (Rassemblement démocratique du peuple comorien, ou parti Blanc) où il côtoie les jeunes loups de l’époque à l’instar de Mouzaoir Abdallah. Omar Tamou a traversé les décennies passées en faisant des va et vient au sein des différents gouvernements en menant des combats à fleurets mouchetés avec Said Hassan Said Hachim dans la région de Mbadjini.
C’est en tant que ministre de l’intérieur qu’Omar Tamou a marqué de son empreinte la politique nationale. L’homme et le ministère de l’intérieur ne faisait qu’un, aux yeux de l’opinion et il était un peu la bête noire de certains automobilistes. Il était devenu un mythe sur les routes comoriennes. Cependant l’opinion publique l’avait associé à des tripatouillages d’élections et ce dernier avait un jour fait un mea-culpa qui avait étonnée plus d’un. Notamment quand il avait reconnu les faits lors des élections opposant Mohamed Taki Abdoukarim avec Said Mohamed Djohar au profit de ce dernier.
Au cours du procès des mercenaires à Paris, sur l’assassinat du Président Abdallah dont il était le ministre de l’intérieur, il avait laissé pantois les journalistes. Son témoignage devant la cour d’assises était décrit comme celui d’un carriériste couard et avant tout soucieux d’ouvrir en permanence le parapluie. Le 26 novembre 1989, raconte-t-il, « j’étais chez moi lorsque j’entends des coups de feu. J’appelle un collègue qui m’apprend que la présidence était attaquée. Il me dit que les hommes de la GP sont là et maîtrisent la situation ». Le premier flic officiel du pays gagne sa chambre sans plus se soucier de la situation.
Et quand on lui annonce la mort de président, il répond « quelles décisions je pouvais prendre ? Je n’avais aucune relation avec M. Denard : il traitait directement avec la présidence. « Il avait ajouté : « Beaucoup de gens, de Comoriens, avaient peur des mercenaires. » Un silence, puis cet aveu murmuré : « Même des ministres… » Malgré les pouvoirs qu’il avait tout au long de sa vie politique, il restait un homme près des gens avec sa proximité des uns et des autres. C’était un pur produit de l’ancienne classe politique. Son histoire reste à écrire pour éclairer la jeune génération sur les tenants et les aboutissants de ce que certains appellent à ce jour les dinosaures. Il n’y a pas si longtemps on pouvait encore le croiser à la gare routière Karthala, attendant son bus pour rentrer dans son Mbadjini natal.
Mmagaza
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