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des Comores

Kalaweni : Quand les épaves de bateaux abandonnés défigurent le littoral de Moroni

Kalaweni :  Quand les épaves de bateaux abandonnés défigurent le littoral de Moroni © : HZK-LGDC

À deux pas du centre-ville de Moroni, capitale des Comores, l’emblématique baie de Kalaweni offre un triste spectacle. Sur le bord de mer, plusieurs bateaux abandonnés rouillent lentement au soleil. Certains sont là depuis plus de cinq ans, immobiles, rongés par le sel et la corrosion. Le lieu ressemble aujourd’hui à un véritable cimetière de bateaux, loin de l’image d’une capitale moderne et accueillante.


Les habitants n’en peuvent plus. « Ces bateaux ne servent plus à rien. Ils attirent les déchets et gâchent tout le paysage », déplore Halima Saïd, commerçante du marché voisin. Elle regrette aussi les effets sur le tourisme : « Les visiteurs passent souvent ici. Quand ils voient ça, ils repartent avec une mauvaise impression de Moroni. » Cette petite plage au sable blanc, fréquentée jadis par de nombreuses générations, n’est plus qu’un dépotoir sauvage, au vu at au su des pouvoirs publics. Quel horreur ! disent sans doute les touristes dès leur descente de leur bateau de croisière.

Mais le problème ne s’arrête pas à la vue. Sous leurs coques abîmées, ces navires relâchent peu à peu des résidus d’huile, de peinture et parfois de carburant. Ces substances se mélangent à l’eau et menacent la vie marine. Les pêcheurs le remarquent déjà. « Il y a de moins en moins de poissons près du rivage. L’eau change de couleur certains jours, c’est inquiétant », témoigne Harouna Hamadi, pêcheur depuis vingt ans. Pour les défenseurs de l’environnement, il est urgent d’agir. « Si on ne fait rien, on court droit vers une catastrophe. Ces bateaux doivent être retirés au plus vite », alerte Soufiane Abdallah, militant pour la protection du littoral. Les autorités locales sont conscientes du problème, mais le coût du retrait reste un frein. Démanteler ou remorquer un bateau coûte cher, surtout quand le propriétaire est inconnu ou introuvable. « Une étude est en cours pour trouver les meilleures solutions, mais nous n’avons pas encore de date précise », indique un responsable de la mairie.

En attendant, la baie de Kalaweni reste figée entre la mer et la rouille. Cet espace naturel, faisant partie du patrimoine national, pourrait pourtant devenir une belle zone de promenade et un atout touristique pour la ville. Ces bateaux abandonnés rappellent que le développement ne peut aller sans entretien ni respect de l’environnement. Le littoral de Moroni mérite mieux que ce décor d’abandon. Son avenir dépend de la volonté collective de le préserver.

Mohamed Ali Nasra


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