La Gazette

des Comores

Inondations par submersion marine: Quelle adaptation, pour y faire face ?

Inondations par submersion marine: Quelle adaptation, pour y faire face ? © : HZK-LGDC

Le vendredi 20 septembre une submersion marine a gagné certaines localités dont Bangoi-kouni dans le nord-est de Ngazidja. Selon un responsable de la météorologie nationale, du « 18 au 23 septembre 2024, notre archipel était en vigilance vagues de submersion marine, du fait des grandes marées d'équinoxe, c'est le moment de l'année où le soleil traverse l'équateur et qui correspond à l'égalité de durée du jour et de la nuit, qui se produit 2 fois dans l'année (mars et septembre). En raison de l'alignement entre l'équateur et le soleil, ce dernier exerce une attraction plus forte sur la surface de la mer, ce qui amplifie les marées, c'est pourquoi on parle de grandes marées ».


Si ce phénomène est naturel, il n’en demeure pas moins préoccupant, dans la mesure où avec le temps qui passe, ces localités se retrouvent à chaque fois les pieds dans l’eau et des dégâts de plus en plus importants sont constatés. D’où la nécessité de prendre des mesures pour y faire face. Dans une étude sociologique qui a été réalisée en 1923, par Carola Klöck et Marie-Noëlle Woillez, chercheures à Sciences Po, a conclu que « l’érosion côtière et les inondations marines constituent aujourd’hui un défi majeur pour les Comores et risquent de s’intensifier dans le futur. Aussi pour y faire face, la population locale favorise une approche dite « dure » de la protection côtière, notamment à travers les digues. Cependant, cette approche ne semble pas efficace, et se révèle parfois être mal-adaptative.

 

Globalement, on distingue l’adaptation « dure » de l’adaptation « douce ». L’adaptation dure consiste à stabiliser le trait de côte par des mesures techniques et d’ingénierie comme les digues, les brise-lames, les épis, etc. L’adaptation douce concerne des mesures qui n’impliquent pas la construction d’infrastructures, telles que la réglementation, l’aménagement du territoire, le renforcement des capacités, etc. Elle inclut également les solutions basées sur la nature telles que la végétalisation côtière, ou même le recul des infrastructures et activités humaines de la zone côtière. Une combinaison de différentes mesures – dures et/ou douces – est possible. Il convient donc de conceptualiser l’adaptation dure/douce sur une échelle qui va des mesures dures aux mesures douces plutôt qu’une distinction binaire.

 

Pour la chercheure, ces ouvrages donnent une sensation immédiate de sécurité et peuvent réduire les inondations marines et la perte des terres, à condition d’une bonne conception et d’une maintenance permanente. En revanche, la stabilisation côtière peut aussi augmenter le risque d’érosion côtière. Elle est liée à la perte des plages. En effet, les ouvrages durs ont tendance à perturber les dynamiques sédimentaires naturelles et contribuent à la perte permanente de sédiments. Par conséquent, ils limitent d’autres options d’adaptation future. Ces effets négatifs sont bien documentés dans les contextes insulaires, où les infrastructures de défense sont populaires et répandues. Ces infrastructures ont aussi un coût relativement faible, étant construites en matériaux locaux disponibles (roches, briques, pneus, etc.), surtout dans les localités rurales et périphériques. Mais c’est dans ces localités que les ouvrages sont le plus souvent mal conçus et mal placés, et donc peu efficaces et durables. Donc ils s’effondrent souvent peu après leur construction.

 

Par ailleurs, beaucoup d’études montrent que les Comores sont fortement affectées par les changements climatiques et font partie des trois catégories des pays reconnus comme étant « particulièrement vulnérables » dans les négociations climatiques. Mais certains s’interrogent sur l’impact des différents projets nationaux mis en œuvre. Il appartient aux différents départements en charges de ces questions de travailler en synergies avec les communautés pour apporter des réponses concrètes à des phénomènes qui sont reconnus comme récurrents.

 

Mmagaza

 


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