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Développement portuaire : Ce que le séminaire en Chine révèle pour l’avenir des Comores

Développement portuaire :  Ce que le séminaire en Chine révèle pour l’avenir des Comores © : HZK-LGDC

De retour d’un séminaire stratégique en Chine sur la gestion portuaire, Nassurdine Ahamadi (alias Moundhir), responsable RH au port de Boingoma, partage les enseignements tirés de cette immersion. Entre automatisation, intégration port ville, et opportunités offertes par la Nouvelle Route de la soie, il dessine une vision ambitieuse pour l’avenir portuaire des Comores.


De retour d’un séminaire de haut niveau consacré à la gestion portuaire dans les pays francophones d’Afrique, tenu en Chine entre le Ningbo Polytechnique et le Qingdao Harbour Vocational & Technical College, Nassurdine Ahamadi, plus connu sous le nom de Moundhir, partage les enseignements tirés de cette immersion stratégique. Le programme, particulièrement dense, a combiné 14 conférences, 10 visites de terrain, ainsi qu’une participation active au 10ᵉ forum international de coopération des ports de la Route maritime de la soie. Selon Ahamadi, les échanges ont été organisés autour de cinq grands axes, notamment les politiques nationales chinoises, les stratégies de développement régional, l’intégration port-ville, la durabilité environnementale et la gestion opérationnelle.

Ce séminaire visait un transfert de savoir-faire concret, alliant théories modernes et études de cas réalistes. L’automatisation des infrastructures, l’optimisation logistique et la conformité aux normes de sécurité y ont tenu une place centrale. « La Chine propose des modèles performants, mais leur application dans les pays africains nécessite une adaptation fine aux réalités locales », précise-t-il. Un message clair : la réussite dépendra de la capacité d’appropriation de ces modèles sur le terrain. Parmi les concepts abordés, l’un des plus marquants selon Ahamadi est celui de l’intégration port ville. Il la décrit comme « une stratégie d’harmonisation entre développement portuaire, environnement et amélioration de la qualité de vie urbaine ».

Ce modèle, inspiré des grandes métropoles portuaires, favorise un cercle vertueux combinant flux commerciaux, investissements, création d’emplois spécialisés (manutention, maintenance navale, tourisme de croisière) et durabilité. « Lorsqu’elle est bien pensée et pilotée localement, l’intégration port-ville maximise les retombées économiques, sociales et environnementales », affirme-t-il.  Interrogé sur la Nouvelle Route de la soie (BRI), projet d’envergure lancé par la Chine en 2013 pour connecter l’Asie, l’Afrique et l’Europe par des corridors économiques, Ahamadi y voit un levier de développement majeur. Même si les Comores ne sont pas directement situées sur les principaux axes de cette initiative, leur position stratégique dans l’océan Indien pourrait les placer comme un point d’intérêt dans la zone d’influence chinoise en Afrique de l’Est. « Cela ouvre la voie à des investissements portuaires, à condition que le pays développe une stratégie claire et structurée, soutenue par des capacités locales en matière de formation et de transfert de compétences », souligne-t-il.

Sur la question d’un éventuel partenariat entre les ports comoriens et celui de Ningbo-Zhoushan, aujourd’hui l’un des plus actifs au monde, Moundhir voit un potentiel de coopération à long terme. « En s’inspirant de l’expertise de Ningbo, les Comores pourraient mieux s’intégrer aux chaînes logistiques régionales et mondiales », estime-t-il. Il évoque des perspectives concrètes : la création de zones franches, de hubs logistiques régionaux, ou encore de centres de formation professionnelle spécialisés. « La Chine a su bâtir un système de formation technique aligné sur les besoins de son économie. C’est un modèle que les Comores gagneraient à adopter pour former leur jeunesse et renforcer leur base de compétences », précise-t-il.

Younes

 


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