La Gazette

des Comores

Détention de l’ancien gouverneur d’Anjouan : « Tiens bon, papa » : la lettre bouleversante de la fille de Salami

Détention de l’ancien gouverneur d’Anjouan : « Tiens bon, papa » : la lettre bouleversante de la fille de Salami © : HZK-LGDC

C’est une lettre qui serre le cœur. Une lettre écrite par une fille à son père, emprisonné depuis octobre 2018 pour s’être opposé à la réforme constitutionnelle du président Azali Assoumani.


Octobre 2018, octobre 2025. Huit ans depuis que le gouverneur déchu d’Anjouan, Abdou Salami Abdou, croupit en prison pour son opposition à la modification de la loi fondamentale, remettant en cause l’autonomie des îles et les mandats des gouverneurs. Sa fille ainée, Soumaya, lui a écrit une lettre d’amour depuis Madagascar où elle est en 5e année de médecine à l’université de Majunga. Une vocation qu’il a héritée de son père de 51 ans, lui aussi médecin.

 

« Même si la vie t’a placé derrière des murs aujourd’hui, souviens-toi que la liberté n’est plus très loin. » C’est par ces mots qu’elle s’adresse à son père dans une lettre poignante qu’elle a publiée sur son mur Facebook. Âgée de 23 ans, la jeune femme brise le silence et livre un message d’amour et d’espoir à celui qui, selon elle, « a été emprisonné pour avoir dit non à l’injustice ».

 

« À chaque instant, je pense à toi. Ton absence se fait sentir, mais ton courage et ta force continuent de vivre en moi », écrit-elle encore. Dans sa lettre, elle évoque un quotidien marqué par l’attente, mais aussi par la foi : « Ce jour-là, tu respireras la liberté à pleins poumons, et on sera là, ensemble, pour recommencer, pour rire, pour vivre. » Avec émotion, elle conclut : « Je t’aime, papa. Tiens bon. On t’attend, et bientôt, ce sera enfin ton tour de retrouver la lumière. Inch’Allah. »

 

Un témoignage intime qui résonne comme un cri du cœur, mais aussi comme un appel à la justice dans un climat politique tendu. Plus tôt, elle n’a caché ni la douleur de l’absence, ni le poids du temps qui passe. « Je sais que le temps peut sembler long, que les journées se ressemblent et que parfois le silence pèse lourd. Mais n’oublie pas : tu n’es pas seul ».

 

Pour rappel, Abdou Salami Abdou a été jugé en mars 2022 par la Cour de sureté de l’État. Une juridiction d’exception qui n’offre aucune possibilité de recours.  Il est condamné à 12 ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale, participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à la sécurité publique ». Une sentence lourde qui prive ses proches de toute voie légale pour contester sa détention.

 

Toufé Maecha

 

 


Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.