La Gazette

des Comores

Dérives inquiétantes des comités de quartiers

Dérives inquiétantes des comités de quartiers © : HZK-LGDC

Dans plusieurs localités, des groupes de jeunes investis dans la vie communautaire s’arrogent des rôles de juges et d’agents de sécurité. Sous couvert de faire respecter la morale, ces initiatives prennent parfois des allures de justice populaire, avec humiliation publique et sanctions arbitraires. Une situation qui inquiète nombre de citoyens.


« Djaka ambubuwa mshewahé ! », qui signifie « Djaka a battu sa femme ». C’est sous ce slogan que les membres du comité de quartier de Mouzdalifa ont défilé ce lundi 26 mai en exhibant Djaka, un jeune homme accusé de violences conjugales. Pour l’humilier, ils l’ont affublé d’un collier d’escargots, d’un masque noir et de feuilles de bananier sèches avant de le promener dans les ruelles du quartier. Dans d’autres quartiers, des scènes similaires se multiplient. Des hommes surpris en compagnie de leurs concubines sont sanctionnés par des amendes infligées par les habitants. Une ancienne autorité raconte avoir été stoppée par un groupe de jeunes alors qu’il traversait un quartier à la tombée de la nuit. Pensant qu’ils demandaient à monter dans sa voiture, il s’est arrêté, mais a été stupéfait d’entendre l’un d’eux crier, après avoir fouillé l’intérieur du véhicule : « Il n’y a personne ! » Ce contrôle visait à s'assurer qu’aucune jeune fille n’était transportée de manière « illégale ». Ces pratiques, jugées excessives par certains, alimentent un débat houleux au sein de la population.

« Je crains que cette affaire ne finisse mal. Ces jeunes n’ont reçu aucune formation juridique, ils agissent selon leur propre logique, jugent et punissent à leur guise. Cela peut vite dégénérer en règlements de compte. J’appelle les autorités à encadrer ces comités. La justice doit rester dans les mains des institutions compétentes », alerte Attoumane Adjudant. Pour sa part, Maman Annis s’interroge : « Peut-être que ce n’est pas la meilleure façon de corriger cet homme, mais vu les réactions, on a l’impression que vous préférez qu’un homme batte sa femme en toute impunité. »

Il est important de rappeler que lors de la création du comité de Salamani, le commandant de la gendarmerie avait bien précisé que la mission de ces structures communautaires est avant tout éducative. En cas d’infraction, c’est aux forces de l’ordre d’intervenir, et non à la rue de se faire justice. Actuellement dans presque tous les quartiers de Fomboni, ces comités sont montés dans l’objectif de lutter contre la délinquance juvénile, le banditisme, viols et violences.

Riwad

 


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