Andjouza Abouheir, une journaliste de la Gazette des Comores, vice-présidente du Syndicat National des Journalistes Comoriens et Abdallah Mzembaba, ancien rédacteur en chef du journal Al-watwan et Oubeidillah Mchangama, journaliste de Fcbk FM, sont tous les trois convoqués à la gendarmerie ce jeudi. Le motif de leur convocation n’est pas connu.
Andjouza Abouheir, Abdallah Mzembaba et Oubeidillah Mchangama doivent se présenter à la brigade de recherche de Moroni ce matin après avoir reçu une convocation hier 1er février en milieu d’après-midi. La première est journaliste à la Gazette des Comores et le second, reporter dans le quotidien d’Etat, Al-watwan mais est depuis peu le correspondant de Radio France Internationale (Rfi), le dernier est journaliste de Fcbk FM. La convocation reçue des mains de gendarmes en treillis ne comportait pas de motif.
Maintenant, il convient de rappeler que Andjouza Abouheir qui est par ailleurs la vice-présidente du Syndicat National des Journalistes Comoriens est celle qui a été retenue pour prononcer le traditionnel discours à la résidence présidentielle lors de la présentation des vœux à la presse le 17 janvier. Au cours de celui-ci, elle a évoqué l’information selon laquelle, « des femmes journalistes travaillant à l’Ortc auraient subi des attouchements, par au moins un supérieur hiérarchique » et que « celui-ci promettait des promotions en retour ».
Un discours qui avait provoqué l’ire du chef de l’Etat, qui avait vertement répondu à la journaliste, estimant que le palais présidentiel n’était pas le lieu approprié pour ce type de dénonciation. C’est cette réaction qu’a retenu le correspondant de Rfi, Abdallah Mzembaba. Il avait anglé son papier sur les accusations de harcèlement à la télévision publique et la réplique cinglante du chef de l’Etat. Fcbk FM n’était pas en reste. Par la voix d’Oubeidillah Mchangama, me media s’est fait l’écho de cette affaire dans la foulée des révélations.
L’on peut raisonnablement supposer que les deux journalistes sont convoqués à cause de cette affaire.
Interrogé, le Snjc s’est gardé de tout commentaire attendant d’en savoir plus. En tout cas, ce n’est pas la première fois que des cadres d’un média de service public sont soupçonnés d’abuser de leur position hiérarchique. Dans un ouvrage collectif sur les médias aux Comores publié en 2022, la journaliste Faïza Soulé Youssouf avait écrit un long article sur le sexisme dans la presse. Elle y avait consacré une bonne partie à l’Ortc. Une sanction planait sur Anziza M’Changama qui y travaillait à l’époque après avoir diffusé un papier d’un militaire ivre. La suite c’est elle qui la raconte dans le livre. « Je croise le directeur. Celui-ci me rassure et me dit que je ne risque rien. Il ajoute : « je propose qu’on en parle plus tard dans mon bureau », se rappelle-t-elle. La journaliste s’exécute. Dans le bureau l’échange est cordial. L’homme, courtois, la raccompagne : « il pose sa main sur la poignée, feint de l’ouvrir, me demande de lui faire un câlin pour ne pas nous quitter fâchés ». Toujours dans le livre, Faouzia Ali Amir avait, elle, évoqué une histoire qui s’est déroulée les années 70, à l’Ortc sous le régime du président Ali Swalihi. Un homme est accusé d’avoir agressé sexuellement une femme. « On fait descendre l’homme dans une citerne », se souvient-elle, ce qui n’a pas nui à la carrière de l’agresseur présumé selon elle. Quant à la jeune femme, le directeur a décrété : « virez-moi cette fille de Satan » dont on a oublié le nom.
La Rédaction
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