Le contexte est assez tendu sur le plan diplomatique, que la récente audience accordée à l’ambassadeur de France à Moroni par le président Azali n’a pas manqué de faire réagir la classe politique. Très prudente jusque-là, à émettre des critiques ouvertes à l’image de toute la classe politique, l’opposition comorienne est sortie ces derniers jours de son hibernation et demande à la France de cesser ses visées hégémoniques et expansionnistes.
Après la conférence de presse qui a réuni certaines partis politiques de l’opposition et des membres de la société civile pour défendre une position commune et claire contre le projet d’installation d’une base navale à Mayotte, le Comité Maore a sorti un communiqué peu de temps après que l’ambassadeur de France à Moroni ait été reçu par le chef de l’Etat au palais de Beit-Salam. Dans sa déclaration, l’organisation revendiquant le retour de Mayotte dans son giron naturel s’offusque du silence du président Azali qui n’a pas pipé mot après avoir reçu le diplomate français. « Nous aurions souhaité entendre notre président protester fermement contre le projet de construction d’une base militaire navale sur une partie de notre territoire. » Les critiques du Comité Maore ne s’arrêtent pas là. Elles portent aussi sur le silence de Beit-Salam sur les tentatives françaises de faire reconnaitre Mayotte en tant que membre à part entière de la COI : « Nous aurions souhaité entendre notre président rappeler que la COI est une organisation intergouvernementale régionale fondée en 1984, regroupant les Etats insulaires du Sud-Ouest de l’Ocean Indien et que Mayotte n’a aucunement un statut d’Etat. »
En réalité ce communiqué vise au fond à mettre la pression sur le gouvernement comorien et le président Azali en particulier à quelques semaines du sommet des chefs d’Etat de la COI à Antananarivo. Sauf acte de haute trahison, il est pratiquement impossible de voir Mayotte devenir membre sans le consentement des Comores, si on se réfère à l’article 13 de l’accord de Victoria du 10 janvier 1984. « La Commission examinera toute demande d’adhésion faite sur tout Etat ou entité de la Region et statuera à l’unanimité de ses membres » qui instituent la COI. Cette disposition a été renforcée dans le protocole d’adhésion de la République Française en 1985. Cette dernière avait en effet demandé à adhérer à l’Accord « En raison de sa volonté de voir son département et sa région de La Réunion participer pleinement à la coopération régionale au bénéfice de l’ensemble de la region », lit-on dans le préambule du protocole d’adhésion de la République française du 10 janvier 1986.
Et l’article 1er de ce protocole d’adhésion de préciser les modalités et les conditions d’adhésion de la France. « La République française devient membre de la Commission de l’océan indien et partie à l’accord instituant cette commission pour permettre à son département et sa region de La Réunion de participer à la coopération régionale réalisée au sein de la Commission de l’océan indien. »
Lors de l’accord portant révision de l’Accord général de coopération de mars 2020, les cinq Etats membres s’étaient mis d’accord de garder les grandes lignes notamment sur le processus d’adhésion qui acquiert toujours l’unanimité de ses membres « La COI se prononce à l’unanimité de ses Etas membres », comme stipulé à l’article 5. Et l’article 17 de préciser : « Les dispositions des protocoles d’adhésion de la République fédérale islamique des Comores et da la République française du 10 janvier 1986 demeurent en vigueur entre les Etats Parties. » Sauf coup de tonnerre de dernière minute le sommet d’Antananarivo servira beaucoup plus à entretenir la fameuse « guerre de la salive » de feu président Abdallah, qu’à opérer un revirement diplomatique lourd de conséquences.
Imtiyaz
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