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Refoulés du palais de la justice, les avocats battent le pavé

Refoulés du palais de la justice, les avocats battent le pavé © : HZK-LGDC

Alors qu’ils voulaient tenir un sit-in silencieux pour contester la mesure prise à l’encontre de Me Idriss, les avocats du barreau de Moroni ont été refoulés par les forces de l’ordre de l’enceinte du palais de justice.


« C’est scandaleux », ont-ils lancé dans la foulée. En effet, hier mardi 14 juin, les hommes à la toge noire ont été interdits par les hommes en treillis de tenir leur sit-in silencieux au palais de justice de Moroni. Une action choquante pour ces avocats qui voulaient faire entendre leur voix. Sous le choc, « nous n'avons jamais assisté à une telle scène. De toute mon existence et au cours de mon exercice, je n'ai jamais vu un avocat refoulé de l'enceinte du tribunal. À chaque fois qu'un avocat porte sa toge, il a son immunité. Nous sommes rassemblés pacifiquement et ce, dans le respect. Notre mobilisation est logique et c’est une manière de protestation. Nous prenons la population et les autorités pour témoin de cet acte grave, que la gendarmerie a été ordonnée par leurs chefs de nous jeter dehors. Nous avons pris acte de cette gravité », tonne Me Fahmi Said  Ibrahim.

Même son de cloche pour le bâtonnier Me Mohamed Abdouloihabi. Selon lui, ce sit-in vient après la grève de 48 heures qui avait paralysé les tribunaux de Moroni. « Nous sommes là pour protester contre la mesure de suspension prise contre un de nos confrères par l'assemblée générale des chefs de juridiction. Cette juridiction n’est pas habilitée de prendre une telle décision .Seul le Conseil de l'ordre, siégeant en formation disciplinaire a le pouvoir de prendre une telle sanction contre un avocat. La gendarmerie nous a dit de partir et pourtant nous sommes réunis pacifiquement et sans interrompre leurs activités », explique-t-il.

Contre vents et marées, l’ensemble des avocats ont marché sous un soleil ardent, pacifiquement, du palais de justice jusqu’à la place de l’indépendance, en chantant l’hymne nationale. Mais ils seront vite dispersés par la gendarmerie.

En conférence de presse, le procureur général Soilihi Djae est revenu sur le sujet. Et selon lui, les propos tenus par Me Idriss sont d’« une bassesse inouïe », ce qui a poussé à des sanctions administratives en attendant les mesures disciplinaires à la hauteur de la bêtise. « Nous avons saisis le conseil de discipline sur ce sujet et nous avons engagé et respecté la procédure en saisissant le bâtonnier pour avis de poursuite au pénal pour des propos diffamatoires et des injures publiques et outrage à magistrat. Nous avons été saisis par le bâtonnier pour un sit-in. Aussitôt nous avons répliqué par une lettre que ce sit-n pourrait compromettre le fonctionnement  régulier administratif et judicaire et défavorable aux usages de la justice », avance-t-il.

Et à la grande surprise, ces derniers ont tenu tête en organisant leur sit-in. Selon lui, tenir un sit-in n’est pas un mode de saisie du tribunal. « Si le barreau estime que la décision prise à l’encontre  de leur confrère n’est pas conforme à la loi, il n’a qu’à saisir le tribunal administratif pour demander la levée de cette mesure », poursuit-il, avant d’ajouter que « le sit-in, le tapage médiatique, n’est pas une saisie du tribunal. Jusqu’à présent le tribunal n’est pas encore saisi pour la levée de cette mesure », précise celui qui n’a pas manqué de mentionner qu’un magistrat est une personne qui a le gabarit et des compétences requises et « non un petit ».

Pour rappel, le conseil de l’ordre du barreau de Moroni refuse de recevoir une requête émanant du parquet général près la Cour d’appel de Moroni, demandant de statuer sur le cas de Me Idriss Mze Mogni, interdit d’exercer après avoir traité le procureur de la République de « petit procureur ». Le Conseil pose un préalable pour recevoir la requête, seulement sur la levée des sanctions qui pèsent sur Me Idriss, privé de plaidoirie jusqu’à nouvel ordre. Au cours du procès Faina celui-ci lui avait été interdit de réciter des versets coraniques dans sa plaidoirie.

Andjouza Abouheir

 

 


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