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Libération de prisonniers : Des agresseurs sexuels en font partie

Libération de prisonniers : Des agresseurs sexuels en font partie © : HZK-LGDC

Parmi les prisonniers remis en liberté mercredi dernier figurent des personnes accusées d’agression sexuelle selon le procureur général près de la Cour d’appel de Moroni, mais aussi de viol selon d’autres sources. En tout cas ceux-ci ne devraient pas être éligibles à un aménagement de peine si on s’en tient à l’arrêté du ministre de la justice du 28 mars dernier.


Ceux qui ont eu connaissance de l’arrêté du ministre de la justice ne peuvent que tomber des nues. Mercredi dernier, dans l’après-midi, des prisonniers de la maison d’arrêt de Moroni ont été remis en liberté conditionnelle. Cette initiative entre dans le cadre de la politique de désengorgement des prisons au niveau national. Seulement, ce n’est pas n’importe qui, qui devait en bénéficier. L’arrêté du ministre de la justice en date du 28 mars a été l’on ne peut plus clair quant aux critères d’éligibilité ou d’inéligibilité à cet aménagement de peine. D’abord, l’éligibilité. La mesure concerne « les personnes âgées de plus de 60 ans, et celles âgées de moins de 25 ans, ayant accompli plus de la moitié de leurs peines et justifiant d’une bonne conduite et d’une capacité d’intégration sociale ». Mais des exceptions sont immédiatement posées par le ministre de la justice. En effet, l’aménagement ne peut pas bénéficier aux « personnes condamnées pour les chefs de meurtre, d’assassinat, de détournement de biens publics ou des viols ».

 

Force est de constater que la règle comme l’exception n’ont pas été respectées. La règle parce que les personnes libérées n’ont pas forcément plus de 60 ans ou moins de 25 ans. Il y a des trentenaire comme des quadragénaires. Quant aux exceptions posées, elles sont également jetées aux orties par ceux qui sont chargés de l’exécution dudit arrêté puisque parmi les prisonniers remis en liberté « figurent des personnes accusées de viol » selon des magistrats qui requièrent l’anonymat. Interrogé par nos soins, le procureur général nie en bloc ces infirmations. « Dans ce cas précis, aucune personne condamnée de viol n’y figure », jure-t-il. « Ce sont des jeunes condamnés pour agression sexuelle. Généralement des jeunes en âge de scolarisation, parmi lesquels des universitaires et lycéens. Et d’autre en âge d’apprendre un métier pour prendre leur destin en main ».

 

Mais si les collègues du procureur général ne souhaitent pas s’exprimer ouvertement, ce n’est pas le cas pour les militants des droits de l’Homme. « Je fais partie de ceux qui dénoncent cette surcharge carcérale mais parmi eux se trouvent des criminels. De là à faire libérer des agresseurs sexuels et des tueurs qui n'ont pas terminé de purger leur peine c'est absolument ignoble. Vous nous mettez en danger », devait réagir Amina Ali qui rappelle que dans cette prison, il y'a des prisonniers d'opinion, des voleurs de chèvres, des oubliés de l'administration pénitentiaire… « Au lieu de libérer ceux-là, vous libérez des gens potentiellement dangereux ? C'est quoi ce choix ? » Des interrogations plus que légitimes. 

 

 Andjouza Abouheir

 


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