La Gazette

des Comores

La marche des Comores vers l'indépendance… inachevée

La marche des Comores vers l'indépendance… inachevée © : HZK-LGDC

A une semaine de la célébration du 47ème anniversaire de l’admission des Comores à l’ONU (12 novembre 1975), l'ambassadeur des Comores auprès de l’Afrique du Sud Ahmed Mohamed Thabit et Djaffar M'madi, enseignant à l’Université des Comores, ont tenu une conférence débat pour parler de l'accession des Comores à l'indépendance et l’épineuse question de Mayotte restée sous administration française depuis 1975.


Il s'agit de la plus grande histoire du pays, la manière dont l'archipel a accédé à l'indépendance. Tout a commencé aux années 1960. Les mouvements anticolonialistes en effervescence sur le continent africain gagnent l’archipel des Comores, avec la création des premiers partis indépendantistes, tels que le Mouvement de Libération nationale des Comores (Molinaco), puis, après la révolte des lycéens de 1968, le Parti Socialiste des Comores (Pasoco), et les émeutes de mai 1972 à Madagascar ayant conduit au renversement de Tsiranana, ont tous provoqué une onde de choc dans le pays.

Avec le nouveau président Ramanantsoa qui soutient le droit du peuple comorien à l'indépendance, la pression internationale s’intensifie en août 1972, lorsque le comité spécial de l'ONU inscrit les Comores sur la liste des territoires à décoloniser. « La France s'est longtemps battue pour empêcher sinon retarder la marche des Comores vers l'indépendance. Toutefois, les combats pour la libération se sont poursuivis au fil des années. Jusqu'à la 31e session de l'assemblée générale de l'ONU en 1976 où le conseil de sécurité a demandé la présentation de la question de Mayotte tout en soutenant son appartenance à l'archipel et condamner la présence de la France dans l'île », a expliqué l'ambassadeur, Ahmed Thabit.

Ce dernier a montré que la résolution de 1976 a condamné et rejeté le referendum organisé à Mayotte visant à maintenir l’île sous le giron français. Les conférenciers ont rappelé que le référendum organisé le 22 décembre 1974 sur l’ensemble des quatre îles, pour déterminer le choix des comoriens s’ils étaient favorables ou non à l’indépendance, a été sans équivoque. Le "oui à l'indépendance" l'emporte à 95% et seule Mayotte a voté contre à 64%. Mais le parlement français adopte le 3 juillet 1975 une loi controversée qui conditionne l'octroi de l'indépendance à l'approbation île par île d'un projet de constitution garantissant la personnalité politique et administrative des îles composant le futur État. En réaction, Ahmed Abdallah Abdérémane proclame le 6 juillet 1975 l'indépendance unilatérale des quatre îles.

A travers les explications du professeur Djaffar M'madi, les principaux partis comoriens s'unissent en septembre pour l'accession à l'indépendance de l'archipel dans l’unité. La chambre des députés élue en décembre 1972 donne alors mandat au Conseil de gouvernement pour négocier cette indépendance avec Paris. Le chef de l'exécutif Ahmed Abdallah s'engage dans cette démarche, en écartant de son gouvernement les membres du MPM, ce qui intensifie les revendications séparatistes à Mayotte. Mais les conditions à travers lesquelles Mayotte reste sous administration française sont complexes. « Un livre retraçant le processus d'accession des Comores à l'indépendance et le cas de Mayotte est en cours de production », précise-t-il.

Les conférenciers ont souligné le particularisme historique de Mayotte par rapport aux autres îles ainsi que le supposé attachement des Mahorais à la France. Lors de cette rencontre, on a démontré que depuis les accords du 15 juin 1973 et l'élection du président Giscard d'Estaing en 1974, pour permettre le maintien séparé de Mayotte dans la République française, les choses commencent à se corser.

Mais cette tentative française de balkanisation n'est pas reconnue sur le plan international, avec l'admission des quatre îles des Comores à l'OUA dès le mois d'août, puis à l'ONU en novembre 1975, en tant qu’Etat reconnu dans ses frontières héritées de la colonisation. Et puisque la conférence avait réuni des enseignants et des étudiants, il a été question de différencier l'histoire de la colonisation et l’occupation illégale de l'île de Mayotte par l’ancienne paissance coloniale.

Kamal Gamal

 

 

 


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