Il y a 53 ans, le président du conseil de gouvernement Said Mohamed Cheikh a rendu l’âme à Soavinandriane à Madagascar des suites d’une crise cardiaque. Le matin de ce jeudi 16 mars, les comoriens et ses proches se sont retrouvés dans son mausolée à Moroni pour commémorer ce grand réformateur, premier médecin autochtone de l’époque coloniale.
C’est dans la plus grande sobriété que s’est déroulée la cérémonie marquant le 53ème anniversaire du décès du président du conseil de gouvernement Said Mohamed Cheikh terrassé par une crise cardiaque à l’âge de 65 ans alors qu’il se trouvait sur l’île de Madagascar. Il sera rapatrié à Moroni où il repose au cimetière familial.
La cérémonie religieuse en la mémoire de cet illustre médecin, converti en politique s’est déroulée en l’absence des autorités de l’Etat. Cela n’a pas passé inaperçu et Mohamed Issa n’a pas manqué de le faire remarquer. Regrettant le peu d’intérêt que les autorités successives manifestent à l’égard de cette figure politique du pays, ce notable natif d’Itsinkudi appelle le gouvernement à reprendre ses responsabilités.
« Nous espérons que ceux qui nous gouvernent aujourd’hui puissent prêter une oreille attentive à ce que nous disons. Qu’elles sauront prendre leurs responsabilités. Celle de prendre le relai pour la commémoration du 16 mars prochain. Car un peuple qui ignore son histoire n’a pas d’avenir. Cheikh est le premier nationaliste. Il était seul à la barre. S’il voulait balancer notre archipel dans un statut de département, il n’aurait presque pas d’opposition. Alors qu’il s’est opposé et a préféré opter pour un statut de territoire d’outre-mer. Ce qui a ouvert un boulevard à l’indépendance », a-t-il déclaré.
Pour ce militant de la première heure du Molinaco, parti indépendantiste, Said Mohamed Cheikh est le père fondateur de l’Etat comorien. « Parce que sans Said Mohamed Cheikh, il n’y aurait pas de Comores indépendantes. Cheikh a œuvré à l’origine pour détacher administrativement les Comores de Madagascar à l’époque où nous étions rattachés à la province de Majunga. Si ce n’est pas Cheikk, aujourd’hui nous serions comme l’Ukraine et la Russie. Nous serions en train de se battre avec les malgaches pour nous détacher d’eux. Mais Cheikh, visionnaire qu’il était, a vu loin », reconnait cet enseignant à la retraite.
« Son premier projet en 1946 en tant que député, est de demander le détachement de son pays de la grande Île. Il a dit pour appuyer son argumentaire que les comoriens ne sont pas des catholiques, ni des malgaches. Les comoriens sont des musulmans qui forment un seul peuple. C’est à partir de lui qu’est né l’unique archipel des Comores. Un nom qui n’existait pas avant Cheikh. Avant l’abrogation de la loi d’annexion sous son impulsion, les Comores s’appelaient, les Îles dépendantes de Madagascar », a-t-il expliqué.
« Nous espérons que les comoriens sauront reconnaitre l’œuvre de cette illustre personnalité. Qu’ils sachent ce qu’il a fait pour ce pays. Que Dieu puisse nous donner des autorités qui sauront l’histoire de Said Mohamed Cheikh. Parce que si elles avaient appris l’histoire de ce dernier, elles se retrouveraient toutes ici, aujourd’hui », a-t-il ajouté.
M. Issa rassure que président du conseil de gouvernement qu’il était, Said Mohamed Cheikh était du côté de ceux qui ont milité pour l’indépendance. « En 1962, il est venu à Dars Es Salam, on était avec Youssouf Abdoulhalik et Ali Mohamed Chami qui était à l’époque le président. Il nous avait dit que le problème que nous avons c’est que le pays manque de cadres. C’est ce qui nous a motivés à chercher des bourses pour les jeunes qui sont partis en l’URSS. Dr Kassim, Dr Mohamed Said, les deux natifs de Foumbouni et autres ingénieurs sont de la première génération », a-t-il fait savoir.
Maoulida Mbaé
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