Lancé en 2018 à l’initiative du président Macron, le Forum sur la paix s’est tenu dans la capitale française, vendredi et samedi dernier sous la houlette du président de la république française Emmanuel Macron avec une présence réduite des chefs d’Etat africains.
Seuls trois chefs d’Etat du continent ont pris part à ce sommet sur la paix qui est censé être un agenda majeur dans le calendrier de la diplomatie française. Azali Assoumani, Umaru Sissoko Embalo (Guinée-Bissau), Georges Weah (Liberia) sont les trois qui ont bien voulu honorer de leur présence l’invitation de leur homologue français. On est loin des 25 chefs d’Etat africains ayant pris part au premier forum en 2018 ou même des 12 de l'année dernière. La désertion des chefs d’Etat du continent serait-elle une réponse de ces derniers après que le président Macron les a complètement écartés lors du sommet France-Afrique du mois d’avril dernier comme l'écrit l’hebdomadaire Jeune Afrique.
« La mise à l'écart des ses homologues africains par Emmanuel Macron au mois d’avril, lors du sommet Afrique-France de Montpellier, pourrait être une autre piste d’explication ». A l'époque, le format choisi par la présidence française d’inviter les sociétés civiles africaines au lieu des chefs d’Etats avait fait le buzz dans les médias français et africains. Un autre point de vue est avancé pour expliquer ce désamour des africains, c’est l’agenda diplomatique international trop chargé pour ce mois de novembre. Entre le sommet de ligue arabe (1-2 novembre) à Alger, la COP 27 (6-18 novembre), à Sharm-El Sheikh, le sommet de la francophonie (19-20) à Djerba et le 17ème sommet du Groupe des 20 (15-16 novembre) à Bali en Indonésie, les pays africains concernés par ces différents rendez-vous ont fait le choix de privilégier leur propre agenda national au lieu d’aller donner un blanc-seing au président Macron dans sa lutte effrénée pour le leadership en Europe.
Le ton paternaliste du président Macron, exacerbé par un contexte ouest africain où l'on assiste à une recrudescence des coups d’Etat n’aide pas à l'apaisement des tensions entre la France et une nouvelle génération de dirigeants africains qui veulent en finir avec « la vassalisation » du continent par l’ancienne puissance coloniale. Toujours est-il, que l'intitulé du sommet (crises multidimensionnelles) avec des sous thèmes comme la gestion post pandémique, réchauffement climatique et encore la guerre en Ukraine, aurait pu intéresser les africains au plus haut point, surtout sur le réchauffement climatique où le continent subit les conséquences d’un effet qu’elle ne contribue à la dégradation qu'à hauteur de 4%.
N’en déplaise à certains, le chef de l’Etat comorien a pris part et il a même pris la parole dans le thème “Catalyser les solutions climatiques et environnementales”. Le président Azali est revenu sur son thème de prédilection qui est le réchauffement climatique et ses conséquences sur les pays du sud pourtant moins polluants. « L’urgence climatique et environnementale est manifeste et je me permets de le dire devant un auditoire ami, cette urgence n’est pas de notre fait à nous, les pays du Sud », aurait tenu à clarifier d'entrée lors de son discours. Et le président de louer le rôle majeur des pays insulaire dans la lutte contre le réchauffement climatique. « Je souhaite rendre hommage ici au parcours historique exceptionnel des Etats insulaires en Développement, qui ont réussi il y a à peine vingt ans à se faire entendre dans la communauté internationale en faisant valoir la justesse de ses vues et le rôle stabilisateur des îles sur le plan des grands équilibres écosystémiques ».
Un discours qui est une suite logique de celui prononcé par Azali Assoumani lors de la COP 27 en Egypte. « Il est important de souligner qu’au niveau des Etats Insulaires en Développement, ces phénomènes climatiques et météorologiques sévères menacent l’existence même de nos pays et freinent leur développement économique ainsi que l'épanouissement de nos populations », avait t-il souligné. La présence du chef de l’Etat au Forum sur la Paix, n’a donc pas été totalement inutile car il lui a permis d'être encore une fois le défenseur des petits Etats insulaires dans la lutte contre le réchauffement climatique. Encore une fois, le président met en avant son agenda international en priorité absolu, au détriment d’une politique interne de plus en plus délétère, à l’approche du procès de l’ex-président Sambi annoncé pour la semaine prochaine dans des conditions controversées.
AS Badraoui
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