La Gazette

des Comores

Détention d’Ahmed-Hachim : 4 élus municipaux saisissent la commission des droits de l’homme

Détention d’Ahmed-Hachim : 4 élus municipaux saisissent la commission des droits de l’homme © : HZK-LGDC

Des conseillers municipaux interpellent la Commission National des Droits de l’Homme sur le cas d’Ahmed-Hachim Said Hassane, détenu sans motif légal depuis maintenant deux semaines.


La dénonciation prend un ton grave et politique. Quatre conseillers municipaux dont Touffaha Abdoulmadjid (Itsandra Mbangani), Natuk Mohamed Mouzaoïr (Mboinkou), Nassuf Ahmed Abdou (Itsandra Mbangani) et Naid Ali Youssouf (Mitsamiouli) ont saisi officiellement le Conseil National des Droits de l’Homme et des Libertés (CNDHL) le 12 juin dernier, pour alerter sur ce qu’ils qualifient de séquestration illégale d’un citoyen dans les locaux de la gendarmerie de Moroni. Selon leur courrier adressé à la présidente de la CNDHL, Ahmed-Hachim Said Hassane, candidat malheureux aux municipales 2025 à Moroni, a été interpellé le lundi 2 juin 2025 « alors qu’il s’était rendu de son propre chef à la gendarmerie pour y déposer une plainte ». Depuis, il est maintenu en détention « sans qu’aucune charge ne lui ait été notifiée, ni même que sa plainte ait été enregistrée ».

Les quatre élus municipaux rapportent que dès son arrivée, Ahmed-Hachim a été placé en cellule sans audition ni information préalable, ce qui constitue, selon eux, une violation flagrante des procédures pénales et des droits humains. « Il n’a jamais été informé des raisons de sa détention. Il est enfermé depuis plus d’une semaine dans des conditions inhumaines », alertent-ils. Toujours selon les signataires, le détenu est maintenu sans accès à des soins, sans possibilité d’hygiène personnelle, et toujours vêtu des habits portés lors de son interpellation. Il n’aurait ni brosse à dents, ni accès à une douche. Ils qualifient cette situation de « traitement dégradant et indigne d’un État de droit ».

Depuis quatre jours, le détenu aurait entamé une grève de la faim pour protester contre son incarcération injustifiée. Les élus s’alarment sur la dégradation rapide de son état de santé. « La situation est critique. Il risque d’y laisser sa vie, et si rien n’est fait, ce sera une responsabilité collective. » Ils appellent la CNDHL à agir sans délai pour exiger sa libération ou, à tout le moins, le respect de ses droits fondamentaux de détenu. Dans leur lettre, les quatre conseillers municipaux dénoncent une atteinte grave à la Déclaration universelle des droits de l’homme, citant les articles 03, 05, 07 et 08 comme ayant été « bafoués et piétinés par ceux qui sont censés nous protéger, les forces de l’ordre ».

Au-delà du cas individuel, ils pointent une pratique inquiétante où des citoyens peuvent être privés de liberté sans motif légal, simplement pour avoir voulu exercer leur droit de porter plainte. « Ce genre d’abus mine la confiance dans nos institutions », écrivent-ils. Le fait que la dénonciation émane de quatre élus municipaux issus de trois communes différentes renforce la portée politique de cet appel. Ensemble, ils réclament que les institutions comoriennes se montrent à la hauteur de leur mission de protection des citoyens, et que des enquêtes soient ouvertes sur les conditions de cette détention.

L’affaire Ahmed Hachim Said Hassane pourrait devenir un signal d’alarme sur l’État de droit et de la justice aux Comores, si elle ne reçoit pas rapidement une réponse institutionnelle forte. Pour rappel, M. Ahmed-Hachim est impliqué dans un litige commercial opposant sa société à l’Office National d’Importation et de Commercialisation du Riz (ONICOR). Ce différend concerne une cargaison de riz remise en consignation, dont le montant total n’aurait pas été entièrement reversé à l’ONICOR. L’affaire avait conduit à la détention temporaire de l’intéressé le mois de mars dernier, avant sa libération dans l’attente d’un règlement à l’amiable du contentieux.

Mohamed Ali Nasra

 


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