Ce jeudi 9 février 2023, disparaissait Ali Mzé Ahmed, intellectuel comorien, militant révolutionnaire et ancien Directeur du prestigieux Groupe Scolaire Fundi Abdulhamid (GFSA) de Moroni. Ali Mzé est né à Moroni Mtsangani. Il a fait ses études primaires et secondaires aux Comores et ses études supérieures en France à l’Université de Lille.
Ali Mzé a fait partie de la « génération ASEC » qui englobe les jeunes comoriens ayant milité dans l’Association des Stagiaires et Etudiants des Comores (ASEC). Il faisait partie des toutes premières promotions à bénéficier des bourses d’études pour aller poursuivre leur scolarité dans les écoles et Universités françaises. Parallèlement à ses études, Ali Mzé s’est engagé dans le combat étudiant en prenant la tête de la section de Lille. Il a fait partie de cette jeunesse militant pour une révolution nationale et démocratique, l’indépendance nationale, et pour l’avènement de la démocratie et le progrès dans l’archipel.
Au début des années 80, il opte pour un retour au pays et entame une carrière dans l’éducation. Il est parmi les fondateurs du Front Démocratique (FD), mouvement ayant tenu la dragée haute aux mercenaires ayant pris en otage le pays. Entre 1980 et 1985, les Comores connaissent une agitation révolutionnaire d’une exceptionnelle intensité conduite par le FD. La tentative de rébellion, en mars 1985, d’une poignée de militaires de la Garde Présidentielle (GP) du président Ahmed Abdallah Abdérémane, entraîne une répression particulièrement dure à l’endroit du FD. Le gouvernement arrête, torture et emprisonne ses principaux leaders. Ali Mzé est parmi les personnes arrêtées et jetées en prison. A sa sortie de prison, il fonde en 1986 avec des amis et des personnalités, le Groupe Scolaire Fundi Abdulhamid (GSFA).
Ali Mzé a toujours aimé son pays et ne ratait jamais l’occasion de le dire et de le prouver. Il a fait partie des intellectuels comoriens à avoir dénoncé sans complaisance les inégalités, la corruption et la mauvaise gouvernance et à défendre les valeurs d'unité nationale. Il fut un des fondateurs au début des années 90 de l’Association comorienne des droits de l’homme (ACDH).
Son décès en France, suite à une longue maladie, a plongé le monde de l’éducation dans l’effroi. En effet, son image de directeur du GSFA, avec son palmarès exceptionnel est devenue au fil du temps, incontournable. Pour M. Hissani Ibrahima, ancien inspecteur de l’éducation nationale : « Personne ne peut, en tant qu’éducateur, revendiquer une contribution à la formation de cadres de grande qualité, plus grande que la sienne. Je salue la mémoire d'un homme de conviction, un homme qui a voulu et réussi à traduire dans les faits, sa vision d'un pays qui progresse parce qu'il dispose d'hommes et femmes bien formés. Le pays lui doit beaucoup car son groupe scolaire est devenu le lieu de l’excellence ».
Dans les nombreuses publications parues sur les réseaux sociaux, l’ambassadeur Mohamed Bajrafil à l’Unesco (Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture), ancien du GSFA, n’a pas manqué de relater son parcours dans cette école et de terminer en déclarant : « J'aimerais, par ce petit mot, rendre hommage à ce géant de l'éducation nationale comorienne, à ce constructeur d'esprits. Le peu de chose que nous autres sommes devenus, nous le devons au dirlo et aux nombreux maîtres qui, comme lui, ont, inlassablement, œuvré à faire de nous des femmes et des hommes capables de réfléchir, de lire et d'écrire. Puisse la terre lui être légère. Adieu, mon dirlo! ».
Pour information, la prière mortuaire se tiendra ce lundi 13 février 2023 à 13h en la mosquée de la Courneuve, Place Alfred de Musset La Courneuve (France). Le corps du regretté arrivera ce mercredi 15 février au pays. Ali Mze laisse une femme et quatre enfants. Mgu namrehemu, yamlaze pvema !
Mmagaza
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