Jamais depuis son retour aux affaires en 2016, Azali Assoumani n’aura connu une situation aussi tendue. Le point de jonction des frustrations ressenties tout au long du processus électoral fut la proclamation des résultats provisoires par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) le 16 janvier dernier.
Tout le monde s’accorde à dire que la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle et celles des gouverneurs fut un véritable échec et un déclencheur des tensions jusque-là contenues. Les chiffres absurdes sortis par la CENI qui n’ont fait apparemment l’objet d’aucune concertation au niveau des différents organes (Ministère de l’intérieur, Cour Suprême, CENI) censés organiser et superviser les élections. « C’est une aventure personnelle du président de la CENI » nous a confié un cadre du ministère de l’intérieur sous le sceau de l’anonymat. Des publications sur le réseau social Facebook parlent même de désaccord profond entre les membres de la CENI et leur président qui ne les aurait pas consultés avant la proclamation des résultats.
Débutés dans les premières heures de la matinée du mercredi 17 janvier, les heurts entre les forces de sécurité et les jeunes manifestants ont atteint leur paroxysme dans l’après-midi avec une situation comparable à une forme de guérilla urbaine. Au nord de la capitale, partant du rond-point de la coulée allant jusque dans les locaux qui abritaient naguère les dépôts du Programme Alimentaire Mondial aujourd’hui occupés par l’Office National d’Importation et de Commercialisation du Riz (ONICOR). Après avoir pris d’assaut les magasins les manifestants ont complètement pillé le stock. Des tonnes de riz de luxe et ordinaire se sont volatilisés en un claquement de doigt. Des matériels de bureau qui se trouvaient dans un autre bâtiment ont été aussi à leur tour volés, incendiés et saccagés.
Une véritable scène de chaos a prévalu tout au long de la journée dans la capitale où les zones de tensions se focalisaient au sud dans le cartier Caltex et au nord entre la Coulée et les magasins PAM à Sahara. Dans la matinée du jeudi loin de s’apaiser la situation s’est de nouveau corsée entre les bâtiments PAM et le marché dit des anjouanais. Les jeunes ont érigé des nombreux barrages qui obstruaient le passage des piétons et ont rendu complétement impossible tout trafic automobile. Un échec pour le pouvoir, mais surtout un échec pour les azalistes de la capitale. Moroni brule pendant qu’ils se terrent chez eux, dépassés par les évènements et complètement dépourvus de toute stratégie de reprise en main de la situation. Même au quartier Sahara jusque-là isolé des troubles des éléments des forces de sécurité ont investi les lieux et des arrestations seraient opérées selon des témoins sur place. Après les émeutes de 2005 engendrées par la cherté de la vie, de mémoire de vivants, c’est la deuxième fois depuis une quinzaine d’années qu’un mouvement de grogne d’une telle ampleur polarise le débat politique et asphyxie le pays. Aucune autorité gouvernementale, aucun leader d’opposition n’a fait n’a son apparition sur le terrain. Seuls les jeunes émeutiers, par groupes éparpillés font face aux forces de l’ordre, par des échanges de jets de pierres contre tirs de gaz lacrymogène.
Imtiyaz
Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.