Puisque la population résiste tant bien que mal à la soif et à l’obscurité, alors tout devient tendu avec la raréfaction des produits carnés. Déjà, la viande congelée et les cuisses de poulets sont introuvables dans les marchés et supermarchés de la capitale. Le seul produit encore disponible (aile de poulet) est inaccessible, le prix du carton de 10kg variant entre 12.000 et 12.500 kmf.
Les Comoriens se plaignent de la crise de l’eau et de l’électricité, depuis plusieurs mois, mais d’autres produits de première nécessité commencent aussi à manquer. C’est le cas d’une cliente trouvée au petit marché de la capitale ce lundi 19 aout, qui a réagi de façon spontanée par rapport aux diverses pénuries constatées ces derniers temps. « Le fils du président demande toujours : Que veut le peuple ? Une occasion pour nous de répondre ! Le peuple veut manger et boire simplement ». Et de poursuivre « vous êtes journaliste, non ? Eh bien, faites votre travail. Faites un portrait fidèle du marché, les prix des produits ont flambée, fruits, légumes et tout. La chanson des cérémonies matrimoniales (festivités liées au mariage) doit cesser. La vie est devenue chère à cause de la douane et les initiatives saugrenues du gouvernement. Le service de contrôle des prix ne peut rien face à cette situation car le gouvernement ne commande rien. Ceux qui importent les produits sont asphyxiés par la douane » nous confie Fatima Said, cette mère de famille, croisée au petit marché de Moroni.
Après avoir remarqué le manque de la viande congelée dans les marchés et supermarchés, nous avons contacté Mohamed Keldi, importateur de produits carnés. Interrogé sur des conteneurs de viande présents au port de Moroni, notre interlocuteur a répondu « Certes le port ne manque jamais de conteneurs mais de la viande c’est faux. En tout cas, nous sommes dans une période où la consommation est très accrue. Le peu de viande qui restait en stock est déjà consommé. Je pense que jusqu’à lors aucune commande n’est faite pour diverses raisons », a-t-il dit avant de conseiller un tour chez Hasoil. La Gazette s’est rendu dans les locaux Hasoil mais en vain. De passage à Sawaprix, les congélateurs sont vides. La caissière a déclaré « pas de viande et nous ne savons pas encore quand on aura ce produit ».
Des spéculations laissent entendre des hausses des taxes douanières qui affaiblissent la chaine d’importation des produits carnés. Depuis la cessation des activités de Comores Import (une société d’Etat), ce commerce est assuré exclusivement par le secteur privé qui peine à faire face aux procédures douanières de plus en plus onéreuses. Le seul marché qui était détenu par l’Etat est en occurrence libéralisé (l’importation du riz ordinaire). Le secteur privé se bat encore pour répondre à la forte demande en riz, mais cela relève du parcours de combattant quant à l’obtention de la fameuse licence d’importation du riz ordinaire.
Kamal Gamal
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