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des Comores

Nutrition : Hachim Abdoulfatahou utilise les réseaux sociaux pour combattre le diabète

Nutrition :  Hachim Abdoulfatahou utilise les réseaux sociaux pour combattre le diabète © : HZK-LGDC

Hachim Abdoulfatahou est actuellement doctorant en Sciences de l’alimentation et nutrition à l’école doctorale sciences de la vie et de l’environnement de l’Université d’Antananarivo, à Madagascar. Il est titulaire d’un Master en physiologie animale, spécialité nutrition, avec un mémoire portant sur l’impact des habitudes hygiéno-diététiques sur la santé des personnes atteintes de diabète de type 2 aux Comores. En parallèle de son parcours académique, M. Abdoulfatahou est aussi créateur de contenu sur les réseaux sociaux, notamment sur YouTube, où il vulgarise la nutrition afin d’aider le public qui le suit à adopter une alimentation plus saine. Il est également enseignant dans le système français, ce qui lui permet de renforcer son impact éducatif et de transmettre quotidiennement des connaissances scientifiques accessibles. Très actif au sein du milieu associatif, d’ONG et d’initiatives communautaires, il participe régulièrement à des actions de sensibilisation et de formation en lien avec la santé, la nutrition et l’éducation. Et c'est justement dans l'optique continuelle de cette dernière tâche que nous l'avons interviewé.


Question : Qu'est-ce qui vous a motivé à être actif sur les réseaux sociaux pour sensibiliser la communauté comorienne sur l'importance de la nutrition ?

Hachim Abdoulfatahou : Ma motivation prend racine dans la réalité sanitaire des Comores : une augmentation préoccupante des maladies liées à la nutrition (diabète, maladies cardiovasculaires, etc.), souvent aggravée par un manque d’information fiable. J’ai donc souhaité offrir des conseils simples, pratiques et adaptés à notre contexte, pour aider les familles à améliorer leur santé au quotidien et accompagner les personnes malades dans une meilleure gestion de leur condition.

Question : Quels sont vos objectifs en créant du contenu sur les réseaux sociaux lié à la nutrition ?

H.A : Éduquer sur les bonnes pratiques alimentaires : Prévenir les maladies nutritionnelles (diabète de type 2, hypertension, surpoids chez les enfants) et leurs complications, rendre la nutrition accessible, compréhensible et applicable, encourager la consommation d’aliments locaux, sains et nutritifs.

Question : Comment sélectionnez-vous les sujets que vous abordez ?

H.A : Je choisis mes thèmes selon les besoins réels de la population comorienne, notamment à travers les questions que je reçois régulièrement. À partir aussi de mes connaissances scientifiques, de mon expérience de recherche et de mon observation des habitudes alimentaires.

Question : Avez-vous une stratégie de contenu spécifique pour les Comoriens, en tenant compte de leur contexte culturel et socio-économique ?

H.A : Oui effectivement, j’adapte systématiquement mes contenus. Cette adaptation passe par les aliments réellement disponibles dans les foyers comoriens, à la culture alimentaire locale, ainsi qu’aux réalités économiques et sanitaires du pays.

Question : Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans cette initiative ?

H.A : La persistance des idées reçues. L’omniprésence des sucreries puis des produits industriels et gras ; le manque de sensibilisation à la nutrition ; les contraintes économiques de nombreux foyers.

Question : Quelles sont les opportunités que vous voyez pour la nutrition aux Comores et comment comptez-vous les saisir ?

H.A : Je remarque en tout cas une population de plus en plus attentive aux questions de santé ; des ressources locales nutritives encore sous-valorisées ; la possibilité de développer davantage de recherches locales ; le potentiel d’intégrer la nutrition dans les écoles, les communautés et les médias.

Question : Depuis que vous avez commencé, auriez-vous des résultats concrets ou des réussites que vous pouvez partager avec nous ? Une petite anecdote…

H.A : J’ai reçu de nombreux retours positifs. Par exemple, plusieurs parents m’ont écrit pour me dire que leurs enfants consomment désormais moins de sucreries grâce à mes vidéos. Une jeune maman m’a confié : « Merci pour tes vidéos, maintenant j’arrive à choisir quoi donner à ma fille comme goûter pour l’école ». Une proche diabétique m’a également dit : « Enfin, tu t’es rappelé de nous les diabétiques. Merci pour la vidéo sur l’alimentation des diabétiques comoriens. » J'ai compris donc que le besoin est présent et qu'il faut développer plus de contenu pour répondre à la demande du public.

Question : Vos conseils pour ceux qui souhaitent améliorer leur alimentation et leur santé en général ?

H.A :  Je leur conseillerais de réduire fortement les produits sucrés, gras et ultra-transformés. Privilégier l’eau plutôt que les sodas et jus industriels. Consommer davantage de fruits, de légumes et d’aliments locaux. Choisir des aliments naturels et variés. Favoriser les cuissons douces et les repas faits maison. Pratiquer une activité physique régulière.

Question : Quels sont les changements que vous souhaitez voir dans les habitudes alimentaires des Comoriens à court et à long terme ?

H.A : À court terme, diminuer la consommation de sucre et de produits ultra-transformés. À long terme, instaurer une véritable culture nutritionnelle, réduisant les maladies liées à l’alimentation et valorisant les produits comoriens.

Question : Comptez-vous collaborer avec d'autres professionnels de la santé ou des organisations pour amplifier votre impact ?

H.A : Oui, je suis ouvert à collaborer avec des médecins, éducateurs, enseignants, ONG, médias, associations et institutions publiques afin de renforcer l’impact de la sensibilisation nutritionnelle dans le pays.

Question : Comment voyez-vous votre rôle dans la promotion de la nutrition aux Comores dans les années à venir ?

H.A : Je souhaite devenir un acteur clé de l’éducation nutritionnelle aux Comores, en combinant mes recherches doctorales, mes contenus pédagogiques et différentes actions de terrain. Mon objectif est de contribuer durablement à une population mieux informée, plus consciente et en meilleure santé.

 

Propos recueillis par Hamdi Abdillahi Rahilie (Stagiaire)

 


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