La Gazette

des Comores

Coronavirus : A quand les résultats des analyses sur les cas suspects ?

Coronavirus : A quand les résultats des analyses sur les cas suspects ? © : HZK-LGDC

Au moins six personnes essentiellement arrivées de Mayotte et suspectées du coronavirus ont subi des prélèvements de la part des autorités sanitaires d’Anjouan. Contre toute attente, une partie de ces échantillons est bloquée à Moroni alors qu’elle devait être envoyée à l’extérieur pour des analyses. Inutile d’accuser la fermeture des frontières aériennes car l’État a prévu des dérogations spéciales à cet effet. Alors, à qui la faute ? Il faut piocher au sein de la direction de la santé.


Le directeur général de la santé, l’homme qui fait la pluie et le beau temps ? Hier dans la matinée une source bien placée au sein de la direction régionale de la santé à Anjouan nous a envoyé une alerte. Elle nous a indiqué que cela fait une semaine, qu’« au moins » un échantillon des prélèvements effectués sur des passagers arrivés essentiellement de Mayotte est arrivé à Moroni. L’échantillon était destiné à une analyse dans une des laboratoires de la région : Madagascar, Tanzanie, Kenya, La Réunion ou Mayotte.

 

Depuis tout ce temps, les résultats de l’analyse se font toujours attendre. D’autres échantillons sont encore soigneusement gardés à Anjouan. Mais le temps passe, et rien n’évolue. Notre interlocuteur, impatient d’apprendre le verdict des analyses, a dû pointer son nez dans le dossier au niveau de Moroni. Quelle ne fut sa surprise quand il a appris que le fameux échantillon n’a pas quitté les bureaux de la direction générale de la santé !

 

A ce niveau de l’affaire, La Gazette des Comores a dû entrer en contact avec le directeur en question pour connaitre les raisons, du moins officielles de ce que notre source qualifie de « négligence impardonnable ». Sauf qu’au lieu de nous répondre, le directeur de la santé a préféré chevaucher notre enquête, ouvrant la sienne propre. En effet, il veut vaille que vaille connaitre notre source d’information. Ce à quoi nous nous sommes farouchement opposés, la protection des sources étant un des b.a.-ba de notre métier.

 

Soudain, notre téléphone sonna. Le directeur régional de la santé à Anjouan, alerté par son supérieur, exige, lui aussi, et avec une voix autoritaire, que nous lui balancions le nom de notre source. Après une violente prise de bec, il a tenté de nous faire croire que nous étions dans la mauvaise voie. Non sans menace puisqu’il nous prévenait d’interpeller les autorités sur l’article « incendiaire » que nous étions sur le point de pondre.

 

Quatre minutes plus tard, le téléphone sonne à nouveau. Cette fois, c’est un ancien confrère  reconverti dans la com’ qui est au bout du fil. La demande est la même, le nom de notre source au sein de la direction régionale de la santé à Anjouan. Rien que ça. Le coup de fil s’est terminé en queue de poisson. Nous avons repris contact avec notre source. Elle nous confie que la tension était électrique à Anjouan à cause du directeur général qui, par voie téléphonique, voulait à tout prix connaître « la taupe ».

 

Toute cette agitation ne justifie-t-elle pas la volonté de la direction de la santé de simuler des informations alors que vers la fin de la semaine dernière, le ministère de tutelle a pris l’engagement de jouer la carte de la transparence ? Dans tous les cas, notre source est catégorique : « il y a des cas suspects sur le territoire national et pour le verdict, les analyses doivent impérativement être effectués à l’extérieur ». Malheureusement « le Dg de la santé ne veut pas que les prélèvements partent du pays. » Pourquoi ? Peut-être répondra-t-il quand il aura mis la main sur notre source, sa priorité du moment. Doit-on rappeler ici qu’il s’agit d’une question de santé publique qui touche à la vie de toute une population comme l’a si bien évoqué à juste titre le chef de l’Etat dans son dernier adresse à la nation ?

 

Andjouza Abouheir

 


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