C’est en beauté que l'association comorienne de lutte contre le cancer chez la femme (ACCF) a clôturé la sixième édition de sa campagne Octobre Rose par une marche symbolique dans les rues de Moroni. Cet événement traditionnel était l’occasion d’interpeller les autorités sur la prise en charge du cancer du sein qui fait défaut dans le pays. C’est également une rencontre pour renforcer les liens de solidarité avec les femmes touchées par le cancer et de rappeler l'importance du dépistage précoce dans la lutte contre cette maladie.
Bien que la campagne d’octobre rose soit terminée, le dépistage se prolongera jusqu’à fin novembre sur l’île d’Anjouan, à la polyclinique du Dr Abdelkader, en raison d’un retard de démarrage de la campagne. « Octobre Rose est bien plus qu'un simple mois de sensibilisation », souligne l’ACCF. « Il s'agit d'un mouvement qui doit se poursuivre tout au long de l'année pour encourager le dépistage précoce des femmes de plus de 45 ans, la vulgarisation de l'autopalpation dès 20 ans, et pour soutenir nos mères, sœurs et filles dans leur parcours de soins ».
L'ACCF a pris en charge 371 femmes pour le dépistage, dont 277 mammographies et 51 échographies mammaires réalisées à Ngazidja, ainsi que 12 autres pour des femmes mohéliennes qui ont fait le déplacement. Trois gynécologues dont Dr Rahia Soilihi, Dr Soumaihat Ahmed Soilihi et Dr Naylati Abdou, ont également offert 129 consultations gynécologiques. Cette année, l'ACCF a mis l'accent sur le soutien de quatre groupes prioritaires : les femmes nécessitant un suivi suite à une mammographie antérieure, celles issues de familles à risque, celles avec des prescriptions médicales mais incapables de payer, et celles présentant des signes d'alerte au niveau du sein.
Durant cette marche, l’ACCF n’a pas manqué d’interpeller les autorités sanitaires de trouver une solution pour les evasan entre les Comores et l'île Maurice suspendues pendant un bout de temps. « Nous avons actuellement une vingtaine de dossiers en attente et suivons 11 malades, dont deux en soins palliatifs à domicile », précise sa présidente Zahara Abdallah. « La suspension de cette convention a laissé plusieurs femmes sans accès aux traitements nécessaires. Nous avons pris contact avec les autorités et d'autres organisations pour obtenir de l'aide, mais la situation reste critique », devait-elle insisté. Pour l'ACCF, chaque femme atteinte de cancer doit faire face à des défis majeurs, parmi lesquels la séparation prolongée de sa famille, stress financier pour les proches, endettement, et pour certaines, des soins palliatifs à domicile faute de solutions.
Pour faire face à ces défis, elle appelle encore le gouvernement à réactiver la convention sanitaire avec Maurice, à explorer d'autres partenariats dans l'océan Indien, et à mettre en place un service de soins palliatifs aux Comores. « Il est urgent de recruter un oncologue et de renforcer le personnel soignant spécialisé, ainsi que d'installer un centre d'imagerie pour effectuer des mammographies à Mohéli, et des lits d’hospitalisation pour celles qui sont en stade plus avancé », plaide l’ACCF.
Andjouza Abouheir
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