A l’occasion de la Journée mondiale sans tabac célébrée ce samedi 31 mai 2025, les autorités sanitaires tirent la sonnette d’alarme sur la montée inquiétante du tabagisme chez les jeunes et ses conséquences dévastatrices sur la santé publique.
Placée sous le thème « levons le masque », cette journée vise à dénoncer les manœuvres trompeuses de l’industrie du tabac, en particulier à l’égard des jeunes, de plus en plus ciblés par des stratégies marketing agressives, notamment via les plateformes numériques. Selon l’OMS, chaque année, plus de 146 000 décès attribuables au tabagisme sont enregistrés dans la Région africaine. Alors que plus de 61 millions de personnes consomment du tabac en Afrique, les adolescents de 13 à 15 ans représentent aujourd’hui plus de 6% des utilisateurs réguliers. Des chiffres inquiétants, nourris par des campagnes qui normalisent la cigarette électronique, les sachets de nicotine et d’autres produits aux arômes attractifs.
Dans son discours la représentante résidente de l’Oms Dr Nkurunziza Triphonie a tenu à réitérer le message Dr Chikwe Ihekweazu, directeur régional par intérim de l’OMS. « Le cerveau en développement présente une plus grande sensibilité à la dépendance à la nicotine et à ses effets prolongés, y compris les troubles du développement cognitif. Outre l’augmentation du risque de maladies respiratoires chroniques, de pathologies cardiovasculaires et de cancer, l’usage précoce du tabac complique considérablement le sevrage tabagique pour de nombreuses personnes », précise-t-elle Elle a également rappelé l’importance d’une mobilisation collective : « nous avons tous un rôle à jouer. Les gouvernements, les établissements scolaires, les familles et les communautés doivent unir leurs efforts afin de garantir que les environnements dans lesquels grandissent nos enfants soient préservés de toute influence et exposition au tabac. Il s’agit notamment d’actualiser les instruments juridiques pour tenir compte des défis contemporains et de renforcer les protections contre les produits et plateformes émergents. »
« La consommation de tabac ainsi que l’exposition au tabagisme passif contribuent à hauteur de 12% de tous les décès dus à une cardiopathie », a alerté le secrétaire général du ministère de la santé Dr Ben Iman lors de la cérémonie marquant la Journée mondiale sans tabac. Un chiffre qui reflète un fléau devenu l’une des premières causes évitables de mortalité aux Comores et dans le monde. Au pays, la tendance suit cette dérive. Le ministre de la santé a exprimé une vive inquiétude face à « la consommation du tabac dans notre pays, qui détruit lentement mais sûrement la santé de nos communautés par plusieurs maladies qu’on peut éviter ». Le tabagisme passif y est aussi pointé du doigt comme un facteur aggravant des AVC, des cancers pulmonaires et des maladies respiratoires, affectant non seulement les fumeurs, mais aussi leur entourage.
Face à ces enjeux, les autorités sanitaires entendent intensifier leurs actions. « Cette année, le ministère va accentuer les stratégies de lutte, car les jeunes seraient trop peu informés sur les effets du tabac », a précisé le secrétaire général du ministre. Parmi les mesures envisagées : sensibilisation ciblée dans les établissements scolaires, encadrement juridique renforcé, hausse des taxes sur les produits du tabac, et responsabilisation des acteurs publics et communautaires. L’OMS, par la voix du Dr Ihekweazu, a également insisté sur l’importance de réglementer la publicité numérique, d’interdire les arômes ciblant les jeunes, de réformer les emballages et d’éduquer les enfants dès le plus jeune âge sur les risques du tabac. « L’industrie du tabac ne cesse d’adapter ses méthodes, en misant sur des produits aromatisés, un emballage soigné et une commercialisation numérique ciblée », a-t-elle déploré. La Journée mondiale sans tabac 2025 apparaît donc comme une étape stratégique dans le plaidoyer pour une génération sans tabac, au moment où les produits dérivés se multiplient et que les grandes firmes ciblent les adolescents avec une précision redoutable.
Mohamed Ali Nasra
Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.