Samia Suluhu Hassan a été réélue avec 97,66% des voix, selon les résultats définitifs annoncés samedi par la commission électorale, après trois jours de violences meurtrières. Lundi dernier, Mama Samia comme on la surnomme dans le pays a prêté serment dans une base militaire à Dodoma.
La présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu Hassan a prêté serment ce 3 novembre 2025 dans un climat de sécurité renforcée. Habituellement, cette cérémonie se tient dans un stade rassemblant des milliers de citoyens. Cependant, elle s’est déroulée cette fois à Dodoma, dans une base militaire, sans la présence du public. Seuls les hauts responsables, diplomates et représentants de certains pays ont été autorisés à assister à l’événement. On peut noter les présidents de la Somalie, de la Zambie et du Burundi, le président de l’Assemblée nationale des Comores et les vice-présidents de l’Ouganda et du Zaimbabwe. La sécurité a été exceptionnellement renforcée pour prévenir toute perturbation. Cette mesure avait été annoncée la veille (2 novembre), à la télévision nationale, à la suite des manifestations meurtrières qui avaient éclaté le 29 octobre, jour du scrutin. Malgré le bain de sang (700 morts selon l’opposition), des pays comme l’Union des Comores et la RDC ont félicité Samia Suluhu pour « sa brillante réélection à la tête du pays ». L’Union Africaine l’a elle aussi félicitée, tout en réaffirmant son soutien à la Tanzanie.
Pour rappel, la commission électorale tanzanienne avait officiellement proclamé, samedi 1er novembre, la réélection de la présidente sortante, Samia Suluhu Hassan. Avec près de 98% des voix, elle obtient un nouveau mandat de cinq ans, ainsi que 170 députés sur 172 sièges. Samia Suluhu a pour sa part déclaré que sa victoire écrasante démontrait que les Tanzaniens avaient renouvelé leur confiance dans le parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), pour concrétiser ses promesses, selon les médias locaux. Dans son discours de victoire, samedi, elle a affirmé que l’élection avait été « libre et démocratique », accusant les manifestants d’être « antipatriotiques », et appelant le pays à l’union pour « ne pas détruire ce que nous avons construit pendant plus de soixante ans ».
Le déroulement du double scrutin présidentiel et législatif a été émaillé de heurts et de restrictions. Depuis le jour de l’élection, mercredi dernier, des manifestations ont éclaté dans les principales villes du pays et des bâtiments gouvernementaux ont été incendiés selon les médias locaux. La police aurait réagi par « des coups de feu ». Le bilan s’élèverait à 700 morts selon le parti d’opposition Chadema. Ce que le gouvernement dément, tout en ayant imposé un couvre-feu et coupé internet. Le Chadema, a rejeté samedi les résultats de l’élection nationale, qualifiant le scrutin de « coup d’État ouvert » et refusant de reconnaître l’autorité de la présidente Samia Suluhu Hassan. « L’annonce des résultats constitue un coup d’État contre la volonté des Tanzaniens, à qui l’on a dénié le droit démocratique de choisir leur dirigeant », a déclaré le parti dans un communiqué publié sur le réseau social X. Face à ce contexte de tension, l’Union africaine et la Communauté d’Afrique de l’Est ont appelé au calme et au respect des droits humains, exhortant les autorités à faire preuve de transparence et de responsabilité dans la gestion des tensions post-électorales.
Par ailleurs, ce lundi 3 novembre, les observateurs de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) ont non seulement dénoncé les violences, mais également des irrégularités lors du scrutin. « Les Tanzaniens n'ont pas pu exprimer leur volonté démocratique », lors des élections de la semaine dernière, ont conclu les observateurs de la SADC. Dans leur rapport préliminaire, ils notent des actes d'intimidation généralisés à l'encontre de la population et de l'opposition, une augmentation des enlèvements ainsi qu'un faible nombre d'électeurs dans les bureaux visités avec, parfois, plus de policiers que d'électeurs. Ils notent, par ailleurs, que des bulletins ont été empilés de manière désordonnée, créant une perception de bourrage d'urnes. Il s'agit ainsi d'un rapport cinglant et sans équivoque, provenant d'une organisation habituellement plutôt conciliante.
Nayamed
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