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des Comores

Retour des exilés, un communiqué insensé selon Mamadou

Retour des exilés, un communiqué insensé selon Mamadou © : HZK-LGDC

Tous les chemins mèneraient-ils à l’élection présidentielle ? C’est en tout cas l’impression que semble donner le pouvoir ces derniers jours en jouant sur la fibre sentimentale des comoriens. Rien d’étonnant pour certains qui trouvent normales les « gesticulations » du pouvoir pour apaiser les tensions à l’approche des élections présidentielles.


Dans un communique sorti tard dans la journée de lundi 15 mai, le ministère de l’intérieur appelle les exilés politiques à rentrer au pays. Une initiative motivée par « une volonté renouvelée d’affermir la concorde nationale telle qu’exprimée par le président de l’Union des Comores Azali Assoumani, surtout en ce temps où notre planète est particulièrement minée par les conflits et soubresauts ». Selon ce communiqué publié au lendemain de la mise en place de la commission électorale, « les personnalités politiques des Comores actuellement en exil à l’étranger sont formellement informées qu’elles peuvent rentrer en toute tranquillité et quiétude en Union des Comores. »

Une annonce qui a surpris plus d’un tant par son timing que par la forme. En tout cas, les destinataires du communiqué sont les premiers à douter de la sincérité du régime du moins sur la forme. « En ce qui nous concerne dans le mouvement HURY, ce n’est pas ce genre de communique que nous attendons. Depuis 2019, les cadres de notre mouvement sont sous un contrôle judiciaire injuste et injustifié. Ils subissent quotidiennement des pressions et certains même dans leur travail. Il est inadmissible que des gens soient sous contrôle judiciaire depuis 4 ans sans voir un juge », a réagi le Dr Achmet leader du mouvement HURY et candidat à l’élection présidentielle de 2019.

En outre, le Dr Achmet trouve le communiqué pas du tout à la hauteur. « Si Azali Assoumani veut se repentir, il faut que leur libération leur soit notifiée. Nul ne peut être en paix avec une épée de Damoclès sur la tête, qui peut les envoyer en prison pour chaque pas de travers. Ce communiqué n’est pas à la hauteur. Il faudrait une libération de Dr Salami, de l’ancien Président Sambi, la grâce des députés Sidi et Tocha et tous ceux qui croupissent injustement dans la prison de Koki à Anjouan », a-t-il conclu. Une position partagée par bon nombre d’observateurs qui trouvent le format du communiqué inadapté par rapport aux enjeux, une loi d’amnistie serait plus appropriée selon eux.

Un sentiment partagé par un autre exilé, l’ancien vice-président Mohamed Ali Soilihi alias Mamadou. Il trouve que le communiqué en soi est insensé. « Je ne vois pas en cela un geste d’apaisement. C’est d’une absurdité, un ministère ne sort pas un communiqué dans ce genre d’affaire mais une décision. Sincèrement, je ne vois pas la pertinence de sortir un tel communiqué, c’est tout simplement insensé », a-t-il déclaré. Et l’ancien argentier de l’Etat de revenir à la charge. « S’ils disent vrai, ils commenceraient par libérer ceux qui sont là-bas condamnés après un procès jugé par tout le monde de mascarade », a-t-il poursuivi, faisant référence au procès dit de la citoyenneté économique dont lui et l’ancien président de la République Ahmed Abdallah Sambi ont écopé de lourdes peines allant jusqu’à la perpétuité, pour détournement de denier public et haute trahison.

L’ancien député d’Itsandra Tocha Djohar salue quant à lui l’initiative. « On ne peut pas dire que c’est une mauvaise chose, mais personnellement je sais que tous les comoriennes et comoriens ont les oreilles tendues pour connaitre le sort qui sera réservé au président Sambi et à Dr Salami », a-t-il dit.  Et l’ancien élu de continuer : « On espère que c’est le début d’un apaisement qui va rassembler tous les fils du pays. » Conscient de la complexité du dossier, Tocha Djohar tempère un peu son optimisme. « On aimerait que le ministre de la justice s’exprime à son tour, surtout par rapport aux dossiers des gens qui sont poursuivis mais qui ne sont pas encore jugés. On aimerait qu’il s’exprime sur leur sort », a-t-il souligné.

AS Badraoui

 

 

 

 

 


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