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des Comores

Politique : Juwa repousse une nouvelle fois son congrès

Politique : Juwa repousse une nouvelle fois son congrès © : HZK-LGDC

Le parti Juwa, principale formation de l’opposition, devait tenir son congrès national les 25 et 26 octobre. Mais une fois encore, le rendez-vous a été reporté à une date ultérieure.


Une décision annoncée par son secrétaire général, Hassane El-Barwane, dans un communiqué adressé aux militants. Ce nouveau contretemps illustre la profonde crise organisationnelle et politique que traverse le parti fondé par l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi, en prison depuis 2018. Dans son communiqué, le secrétaire général évoque un manque criant de préparation : absence de liste électorale, retard dans la remontée des adhésions, absence de rapports régionaux et de budget pour le financement du congrès. « Nous ne disposons pas de la liste électorale », reconnaît-il, soulignant l’impossibilité de déterminer le nombre de délégués et d’élaborer un code électoral interne.

 

Cette situation témoigne d’un désordre institutionnel plus profond. Faute de restructuration, Juwa peine à mobiliser sa base et à incarner une alternative crédible face au pouvoir d’Azali Assoumani, dont le parti, la Convention pour le Renouveau des Comores (CRC), renforce jour après jour sa présence dans les régions. Depuis l’incarcération de son fondateur Ahmed Abdallah Sambi, le parti Juwa n’a jamais véritablement retrouvé son cap. Le leadership collégial instauré après son arrestation n’a pas permis de restaurer la cohésion interne. Entre les fidèles du président d’honneur et les nouvelles figures soupçonnés d’opportunisme, les clivages se sont accentués. Pour beaucoup d’observateurs, la longévité de la détention de Sambi a figé le parti dans une forme de nostalgie politique. D’aucuns estiment en effet que le Juwa est resté prisonnier de son fondateur, sans parvenir à se réinventer.

 

Le choix de boycotter les élections législatives de janvier 2025 est également perçu comme une erreur stratégique majeure. Alors que le pouvoir consolidait son assise institutionnelle, Juwa s’est marginalisé, laissant un vide politique dans de les circonscriptions. Cette absence sur la scène parlementaire prive le parti de tribune nationale et accentue son effacement médiatique. Pour retrouver un semblant de crédibilité, Juwa doit impérativement restructurer ses organes de base et restaurer la confiance de ses militants. Mais le chemin s’annonce long : les profondes divisions entre un bureau exécutif dont le mandat a largement dépassé les délais légaux et qui multiplie les prétextes pour se maintenir, et ceux qui appellent de leurs vœux à un changement profond, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. À mesure que la CRC étend son influence dans les régions et que la scène politique se redessine en vue des prochaines échéances et les enjeux qui s’annoncent notamment la Tournante d’Anjouan dès 2029, la survie du parti fondé par Sambi dépendra de sa capacité à se réinventer, et à rompre avec les errements organisationnels qui l’ont conduit à cet énième ajournement.

 

Nassuf Ben Amad

 

 


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