La Gazette

des Comores

50 ans d’indépendance : À l’aube d’un nouveau souffle diplomatique

50 ans d’indépendance : À l’aube d’un nouveau souffle diplomatique © : HZK-LGDC

Dans le cadre des festivités marquant les 50 ans d’indépendance des Comores, une journée d’échanges dédiée à l’histoire et à l’avenir de la diplomatie comorienne s’est tenue ce mercredi 4 juin. Organisé sous l’impulsion du Comité national du cinquantenaire, ce premier panel scientifique a donné le coup d’envoi à une série de rencontres autour de la trajectoire politique du pays.


La journée a été marquée par une relecture approfondie des luttes qui ont permis à la voix comorienne de s’affirmer sur la scène internationale. Trois personnalités emblématiques ont conduit les discussions : le ministre des Affaires étrangères Mbaé Mohamed Chafiou, l’ambassadeur Sultan Chouzour et l’ambassadeur Alloui Said Abasse. Ensemble, ils ont retracé les origines d’une diplomatie née dans le contexte d’un combat pour la reconnaissance, posant les jalons d’une réflexion sur les perspectives d’avenir d’une politique étrangère en quête de renouveau.

L’ambassadeur Sultan Chouzour a mis en lumière l’importance des réseaux militants internationaux tels que le Molinaco (Mouvement de libération nationale des Comores) ou encore le Pasoco. Ces alliances ont, selon lui, joué un rôle déterminant dans l’amplification de la cause comorienne sur la scène diplomatique, bien avant même la proclamation officielle de l’indépendance en 1975. « Les Comores ont toujours su exister diplomatiquement, grâce à leurs alliances et à leur capacité à porter un message de justice et d’égalité », a-t-il affirmé, appelant à préserver et transmettre cette mémoire militante aux nouvelles générations.

Pour sa part, l’ambassadeur Alloui Said Abasse a proposé une lecture stratégique de l’évolution diplomatique du pays après l’indépendance. Il a salué l’engagement actif des Comores au sein des grandes instances multilatérales, comme un levier essentiel de visibilité et d’influence.
« Notre diplomatie s’est toujours efforcée de signifier notre présence, de faire entendre la voix des Comores dans tous les espaces où se décide l’avenir du monde que ce soit à l’ONU, dans la Francophonie ou dans la ZLECAF », a-t-il souligné avec conviction.

Prenant la parole à son tour, le ministre des Affaires étrangères, Mbaé Mohamed Chafiou, a insisté sur la nécessité d’adapter la diplomatie comorienne aux réalités du monde actuel. Le ministre a présenté les principales avancées du pays sur le plan international. « Les Comores sont devenues membres de l’ONU, de l’UA, OMC etc. Des projets structurants ont vu le jour comme la création de l’office national du tourisme. » « Il ne s’agit plus simplement d’être présent, mais d’être utile. Le monde change, nos pratiques doivent évoluer avec lui », a-t-il affirmé, appelant à une réforme des instruments diplomatiques. Cette posture d’engagement constant, a-t-il expliqué, a contribué à asseoir progressivement la légitimité de l’État comorien, en dépit d’un environnement géopolitique souvent défavorable.

Dans son discours d’ouverture, Houmed Msaidié, coordinateur national du comité du cinquantenaire, a posé les jalons d’une commémoration à la fois solennelle et introspective. « Nous célébrons ce jubilé sous le triptyque Uhuru, Udzima, Ufahari — liberté, unité, fierté — qui continue de façonner notre trajectoire diplomatique », a-t-il affirmé d’emblée. Faisant le lien avec le rôle inédit des Comores à la tête de l’Union africaine, il a salué l’ampleur symbolique de cette responsabilité : « C’est une immense fierté de voir une petite nation insulaire de moins d’un million d’habitants présider un continent fort de 1,4 milliard d’âmes. »

Tous les intervenants se sont accordés sur un point essentiel : pour rester pertinente, la diplomatie comorienne doit s’inscrire dans un double dynamique de transmission de l’héritage et de renouveau stratégique. Ce premier panel, entièrement consacré à la rétrospective et aux perspectives de la diplomatie comorienne, a donné le ton des réflexions à venir. Entre hommage aux pionniers et projections vers l’avenir, il ouvre un cycle de dialogue nécessaire sur la place des Comores dans le monde, cinquante ans après avoir conquis sa souveraineté.

Mohamed Ali Nasra

 

 

 


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