La Gazette

des Comores

Quand Giscard d’Estaing défendait l’unité des Comores

Quand Giscard d’Estaing défendait l’unité des Comores © : HZK-LGDC

La classe politique française actuelle, comme bon nombre de journalistes français nés après l’indépendance des Comores en 1975, ignorent superbement l’histoire de la colonisation de l’archipel et de son évolution depuis 1841. Ils se contentent de raccourcis, contre vérités, à la limite des thèses révisionnistes véhiculées par certains élus de Mayotte.


. Les quatre îles des Comores, en dépit des soubresauts politiques et statutaires qui ont jalonné son évolution, ont toujours constitué le même peuple, avec la même langue, la même culture, la même religion et les mêmes us et coutumes. Rares sont les mahorais qui n’ont pas un arrière grand-père, ou une arrière grand-mère originaire des trois autres îles sœurs. Le député Mansour Kamardine peut-il le nier ? Nier cette vérité historique c’est renier ses propres racines façonnées par un millénaire d’histoire en partage. Car le choix d’une frange de la population de Mayotte, fut-elle majoritaire, de demeurer sous colonisation française, ne saurait remettre en cause un principe cardinal du droit international, celui de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation.

 

Un principe consacré et réaffirmé par toutes les résolutions des Nations Unies sur la question de l’île comorienne de Mayotte. En reconnaissant l’indépendance des Comores du 6 juillet 1975, la France aurait pu éviter l’irréparable drame que continue de subir un peuple pacifique qui ne demande qu’à vivre en paix et en harmonie, quels que soient les choix statutaires dictés par quatre décennies de statu quo. Car les gouvernements français successifs de droite comme de gauche, au lieu de résoudre ce contentieux, ont préféré jouer la carte du séparatisme et du sécessionnisme défendu par l’extrême droite, nostalgie d’un certain empire colonial révolu.

 

En se maintenant sur la quatrième île, et en l’isolant de ses trois îles sœurs, par un mur de Berlin artificiel et fratricide, par visa Balladur interposé, ce sont plus de 20 000 comoriens qui ont péri dans le bras de mer de 70km séparant Mayotte d’Anjouan, depuis 1994. Et aujourd’hui encore, hélas, en optant pour l’opération militaire « Wuambushu », Paris a donc pris le risque d’aggraver ce triste bilan humain, avec les 10 000 expulsions programmées sur 2 mois, et destruction de milliers d’habitations, sans en mesurer les conséquences à moyen et long terme. Emanuel Macron devrait peut lire cet extrait d’une déclaration faite en 1975 par un ancien président de la république française, Valery Giscard d’Estaing :

 

« Pour ce qui est de l’île Mayotte, le texte a été évoqué par l’Assemblée nationale, il s’agit de l’archipel des Comores (…). C’est une population qui est homogène, dans laquelle n’existe pratiquement pas de peuplement d’origine française, ou un peuplement très limité. Était-il raisonnable d’imaginer qu’une partie de l’archipel devienne indépendante et qu’une île, quelle que soit la sympathie qu’on puisse éprouver pour ses habitants, conserve un statut différent ?

Je crois qu’il faut accepter les réalités contemporaines. Les Comores sont une unité, ont toujours été une unité. Il est naturel que leur sort soit un sort commun, même si en effet certains d’entre eux pouvaient souhaiter (et ceci naturellement nous touche), eh bien que nous ne puissions pas, ne devions pas en tirer les conséquences, même si certains pouvaient souhaiter une autre solution ? Nous n’avons pas, à l’occasion de l’indépendance d’un territoire, à proposer de briser l’unité de ce qui a toujours été l’unique archipel des Comores » (Extrait d’une conférence de presse tenue le 24 octobre 1974).

 

El-Had S. Omar

 

 


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