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des Comores

Pour des élections libres, transparentes, démocratiques et correctes « Il y a des moments où le silence signifie mensonge. » Frantz FANON.

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Pour des élections libres, transparentes, démocratiques et correctes « Il y a des moments où le silence signifie mensonge. » Frantz FANON. © : HZK-LGDC

En Janvier 2024, notre pays organisera des élections présidentielles, prions que ces élections soient paisibles, démocratiques, transparentes, correctes et non frauduleuses. Violentes, ces élections ne doivent pas l’être, étant donné que le grand vent historique du besoin des peuples de leur liberté, souffle en Afrique. Il serait vain de croire que les moyens de répression, si puissants soient-ils, puissent encore contenir pour longtemps cette aspiration légitime.


A cet égard, l’Ancient PDG du journal Jeune Afrique, Béchir Ben Yahmed avait déclaré fort justement dans son fameux « Ce que je crois » du 5 Avril 1989 : « Dans les années 1990, le tiers-Monde dans son ensemble devra se réformer politiquement : il y aura les gouvernements normaux et quelques stroessner qu’on désignera du doit, contre lesquels la révolte sera légitimée et encouragée par le reste du Monde. Ouf ! (…) Avec un peu de chance, nos mauvais régimes pourraient voir s’effondrer leur modèle et s’éteindre, là-bas, le phare qui, jusqu’ici, a guidé leurs pas dans l’obscurantisme. »

Les élections présidentielles prochaines, doivent impérativement tenir compte que seule une société démocratique pourrait sortir notre pays de la pauvreté. Après l’échec des quatre décennies de développement depuis l’accès de notre pays à l’indépendance (6 juillet 1975). Le prochain pouvoir devrait axer son action dans le cadre de la cinquième décennie de développement, sur la primauté de l’Etat de droit, la promotion de la liberté de la presse, la lutte contre la corruption et la protection de l’initiative privée.

Longtemps renégat à la traine de notre histoire politique avec ses nombreux vrais et faux coups d’Etat, l’Union des Comores doit se concilier avec elle-même, en retrouvant la place historique qui est la sienne dans le concert des Nations. Toute autre démarche n’est que perversion, fuite dans le brouillard et recul historique. Puissions-nous sacrifier nos passions stériles du moment, pour bâtir l’avenir glorieux auquel aspirent nos enfants, pour le progrès et la grandeur de tout un peuple.

En 2019, les élections présidentielles n’étaient pas démocratiques. Pour preuve, il y a eu des morts et des blessés. Les nombreux observateurs présents à Moroni, à l’époque se sont exprimés en termes diplomatiques comme cela se doit, ils disaient « le président est mal élu. » Prions donc cette fois-ci que le prochain président, soit élu correctement, d’une manière démocratique. La démocratie est en effet, pour nous, la condition de la mobilisation des énergies et des ressources de notre peuple. C’est dans cet esprit aussi que l’indépendance des Comores fut déclarée. Le citoyen Comorien a été rétabli dans sa dignité et multiplié les mesures pour la défense et la sauvegarde des droits de l’homme et de l’Etat de droit, et pour inscrire la démocratisation dans la réalité sociale de notre pays.

Rappelons-nous de la dictature d’Ahmed Abdallah et ses mercenaires, notamment BobDenard en tête. Plusieurs leaders comoriens, avaient fini par baisser les bras et se résigner comme à une sorte de fatalité historique. Les citoyens comoriens, les officiers de l’armée nationale de développement (AND) assistaient impuissants au triste spectacle de la décadence de l’Etat dictatorial et ses supposées institutions. Ils étaient en passe de perdre foi en leur pays et les candidats à l’émigration étaient légion. Beaucoup des citoyens comoriens fuyaient l’arbitraire. Ils n’avaient plus confiance, ni au système judiciaire, ni au système éducatif, ni à l’avenir de toute une Nation. L’image de l’Etat comorien était sérieusement altérée, y compris dans la presse occidentale. Nous avions honte pour notre pays. Comme les Français pendant la deuxième guerre mondiale (1939-1945), eux aussi, avaient honte de la manière dont Hitler et les siens avaient soumis la France à leurs Bottes.

Cependant, désormais la page est tournée. Espérons que les scènes de violences qui ont caractérisé les élections présidentielles de 2019, ne se répèteront plus. En bon métaphysicien, le psychiatre Antillais Frantz FANON (1925-1961), avait prédit à l’aube des indépendances des pays Africains les dangers « du guide qui fait rêver, du parti qui fait taire et l’armée qui réprime le peuple », cet avertissement péremptoire n’évita pourtant pas la quasi-totalité des pays Africains de sombrer dans les mêmes erreurs : élections trichées parfois volées, corruption, détournements de fonds publics, assassinats ciblés, etc…

Personne en dehors de futiles critiques d’école, ne met ouvertement en cause la validité de ses thèses. Mais au niveau des gouvernements, des assemblées parlementaires, de la justice, de l’administration publique et de la presse locale, les actions entreprises sont une agression permanente contre la vérité historique de la pensée de Frantz FANON. D’incessants efforts tendant à falsifier la réalité des faits, pour entretenir en dedans et au dehors le mythe d’un équilibre politico-socio-économique imaginaire, sont accomplis chaque jour.

Professeur Djaffar MMADI, Universitaire, Ancien Ministre

 


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