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A l’occasion de la nomination d’un nouveau directeur de notre entreprise nationale Sonelec, je me suis permis de demander quelques avis à des personnes du domaine à l’intention de Monsieur le Directeur. En voici quelques uns :
Tout d’abord être humble surtout lorsqu’on ne connait pas le domaine. Le secteur électrique est un domaine complexe techniquement et parce qu’il a été pris en main (en otage serait le mot juste) par des politiques, aucune solution durable n’a été trouvée malgré des investissements considérables. Donc surtout ne pas arriver en sauveur. Il faut d’abord apprendre et c’est long. Fournir de l’électricité, c’est faire fonctionner un système, ce n’est pas aligner des équipements neufs, groupes, lignes… tant qu’on n’a pas compris cela, aucune chance de succès.
Il faut savoir s’entourer pour palier au manque de compétence et savoir faire confiance tout en contrôlant. Déléguer n’exclut pas le contrôle. Il faut être intransigeant sur certains points basiques : la corruption, les fraudes, les vols de carburant. Il faut regarder en priorité en dessous de son niveau hiérarchique, c’est-à-dire les agents, les responsables de service et pas au-dessus c’est-à-dire les politiques. Les décisions à prendre sont d’ordre technique et pas politique. Il faut avoir le courage de le dire aux politiques. Pourquoi des dizaines de pays pas plus riches que les Comores ont de l’électricité régulièrement et pas les Comores, alors qu’on a fait des investissements énormes ?
La première mission du directeur sera de donner confiance en interne comme en externe, malgré un point de départ difficile à gérer. Pour cela, il faut être transparent à l’externe, attentif à l’interne, écouter ce que les agents disent puis savoir faire le tri, mais là il faut de la compétence.
La seconde mission sera d’organiser l’entretien des investissements existants avant de chercher à reconstruire d’autres ouvrages. C’est une priorité pour sortir de l’ornière où est tombée Sonelec. Là une seule solution, en urgence s’appuyer au moins temporairement sur des ressources externes notamment pour exploiter les centrales.
La troisième mission sera de gérer les ressources humaines de façon juste : les gens doivent rester dans leur poste un temps suffisamment long, pas de promotion politique, éviter les postes inutiles, donner le sens du respect des objectifs, ce qui signifie donner des objectifs (acceptés par celui qui les reçoit), les suivre et sanctionner positivement ou négativement à la fin. Il faut redonner de l’enthousiasme à ces travailleurs blasés, qui considèrent que de toutes les façons, ça n’ira jamais bien.
La quatrième mission sera de construire une équipe de direction digne de ce nom, compétente, loyale, reconnue, puis ensuite de faire pareil au niveau en dessous, éventuellement de se faire appuyer par l’externe si la tâche parait trop dure.
La cinquième mission sera de piloter le cycle facturation recouvrement pour soulager la trésorerie de Sonelec.
La sixième mission sera de lister tous les rapports, études, projets qui ont dit ce qu’il fallait faire pour sortir de la situation actuelle de façon durable. Tout a été écrit, mais tout a été rangé dans les placards et faire cela en lien avec la Direction générale en charge de l’Énergie. Et à partir de là, construire une feuille de route qui devra être validée puis ensuite suivie et pas modifiée au hasard des pressions politiques, des investisseurs soit disant généreux, qui trainent dans les couloirs des ministères.
Wakatabahu !
Mmagaza
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