La Gazette

des Comores

Le visa de la mort. Qu’il est doux de ne rien faire quand tout s’agite autour de vous!

Le visa de la mort. Qu’il est doux de ne rien faire quand tout s’agite autour de vous! © : HZK-LGDC

Le visa de la mort est le nom donné au visa imposé par le gouvernement Balladur pour l’entrée des comoriens des autres îles devant se rendre à Maoré depuis le 18 janvier 1995.


Comme le rappelait le journal « Le Monde», les Comoriens avaient pour habitude de circuler librement entre les îles pour faire du commerce, rendre visite à leur famille ou se procurer des soins, le «visa Balladur» du nom du premier ministre de l’époque a édifié un mur maritime entre les îles de l’Archipel. Ce mur invisible dont parlait le président Mitterrand los de son passage ici.

 

Il ne se passe pas un mois ou une semaine sans que l’on apprenne qu’un bateau de fortune a chaviré avec son lot macabre de morts, de femmes et d’enfants. Le dernier en date est celui survenu la semaine dernière. N’est-il pas temps que nos autorités acceptent de poser ce problème sur la table ? Que nos parlementaires créent une commission pour exiger du gouvernement qu’il daigne s’occuper de cette question ? Au lieu de se contenter de voter, à chaque fois, les deux bras en l’air, des textes incolores et inodores. Nos députés ne peuvent pas se refugier dans leur confort matériel et refuser de jouer leur rôle de contrôle de l’exécutif dans tous les domaines.

 

Cette hémorragie humaine désormais plus ou moins documentée est l'expression du désespoir profond de notre peuple et de sa jeunesse. Il est admis que le « visa Balladur » requis pour débarquer à Maoré a contribué à augmenter le flux migratoire des Comoriens des autres iles, qui pour diverses raisons sont prêts à tout risquer pour un monde qu’ils pensent meilleur à tort ou à raison.

 

Et le pire est que ces drames ne semblent émouvoir personne. Nos vies ne semblent valoir plus rien. Au point que le Premier des Français s’est cru permis de faire de ces drames, un insupportable jeu de mots. Comme nous l’avons écrit plus haut, ces drames sont très documentés par des rapports d’enquêtes parlementaires, d’études de recherches et par des d’associations d’aide humanitaire.

 

Selon une étude de Tiziano Peccia et Rachele Meda paru en 1917 dans la revue « Confins », la différence de développement, directement imputable au statut de département rattaché à la France et aux transferts de fonds français et européens, ce qui crée un «push factor» très fort des migrations de l'Union des Comores vers Mayotte.

 

Cette crise migratoire engendre des externalités négatives sur le long terme et freine la reconstruction de l’État. Les insuffisances du système éducatif insuffisant et les forts taux de corruption engendre un «brain drain» chronique des migrants les plus qualifiés, lesquels ne seront pas encouragés à rentrer dans leur pays par peur d'un «brain waste». Ce cycle vicieux ouvre les portes à une grave perte alimentant et pérennisant le sous-développement.

 

Par ailleurs, l’ancienne ambassadrice de France chez nous, Mme Jacqueline Bassa Mazzoni, a declaré dans ses adieux que : « Il y a quatre îles comoriennes géographiquement, je dis bien géographiquement, je ne rentre pas dans le débat de la souveraineté, mais géographiquement ce sont quatre îles qui sont très proches. On a besoin de coopération, on a besoin de relations, on a besoin de s’entraider. Notre rôle, c’est de créer les conditions pour éviter tout ça, il faut accompagner, nous avons des valeurs communes«. Le nouvel ambassadeur attendu d’ici peu, partagera-t-il cet état d’esprit ?

 

Le problème est que les discours des autorités françaises ont toujours fait les frais d’une minorité extrémiste à Maoré mais aussi en face on ne sent pas une réelle volonté de notre côté de promouvoir une vraie politique de bien-être. Nous ne devons pas fermer les yeux, le chemin pour vivre ensemble ne se résoudra pas par des beaux discours mais par les perspectives de se sentir heureux de vivre et de travailler dans son pays.

 

Mmagaza

 


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