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des Comores

Hommage à Soeuf Elbadawi : La voix infatigable d’un peuple et de sa mémoire

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Hommage à Soeuf Elbadawi :  La voix infatigable d’un peuple et de sa mémoire © : HZK-LGDC

Soeuf Elbadawi est de ces hommes rares qui refusent de cloisonner leur art dans un seul genre. Artiste de théâtre, de danse et de chants, il est aussi un grand écrivain et un journaliste polyvalent, habité par une passion inébranlable pour la culture et par une lucidité sans complaisance sur les réalités de notre société. Ses mots, comme ses gestes sur scène, respirent l’engagement. Ils embrassent la beauté des traditions et affrontent les brûlures du présent.


Car s’il chérit la culture par-dessus tout, il sait aussi que l’art ne vaut que s’il ose. Et Soeuf Elbadawi ose. Il affronte les sujets sensibles, les blessures à vif, avec hauteur et intelligence. Il donne voix à ceux que la mer a engloutis entre Mayotte occupée et les autres îles de l’archipel. Il transforme leur absence en présence par des prières Dhikri, des invocations poétiques, des hommages qui entretiennent le flambeau de la liberté et de la souveraineté.

Figure d’intégrité et de droiture, il incarne la constance et l’intransigeance sur les principes. Aucun avantage, si séduisant soit-il, n’a jamais entamé sa fidélité à ses convictions. Chaque fois que l’intégrité de la Nation a été menacée, il s’est dressé avec force, proclamant que la dignité nationale ne saurait se monnayer. Cette détermination sans faille lui valut d’être placé sur liste noire par l’ambassade de France à Moroni et d’être écarté des réseaux culturels francophones pendant près d’une décennie, épreuve qu’il a traversée avec la même dignité et la même force morale qui l’ont toujours guidé.

Son dernier ouvrage, paru en avril 2025 sous le titre volontairement provocateur "Je suis blanc et je vous merde", déjà porté sur scène par l’auteur en 2024, livre une réflexion satirique et percutante sur les questions d’identité, de race et de privilège, dans une posture résolument contestataire et engagée, profondément ancrée dans le contexte culturel comorien et francophone.

Courageux et audacieux, il parcourt les scènes du monde pour parler de son pays et de son peuple, pour rappeler que la question de Mayotte n’est pas une relique du passé mais une lutte vivante. Son combat, infatigable, ne se mesure pas en discours mais en empreintes : des consciences éveillées, des colères apaisées par la dignité, des rêves ravivés. Sa dignité, justement, n’est pas une posture : elle est l’expression même de sa combativité.

Aujourd’hui, alors que d’autres choisissent l’oubli, Soeuf Elbadawi continue de porter haut la mémoire, l’honneur et l’identité comorienne. La République se grandirait à lui décerner ses plus hautes distinctions. Car honorer Soeuf Elbadawi, c’est honorer la culture comme arme pacifique, la vérité comme héritage et la liberté comme horizon. Il est temps que les médailles de la Nation ornent la poitrine de cet homme qui, par ses mots, ses pas et ses chants, aura su faire vivre notre histoire et notre espérance.

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