L’hypocrisie sociale, un sport national « Tsandza nikedro no ntsihibe, nitsidhulumu … » Sedo
Dans les iles de la lune, il ne manque pas une occasion de constater à quel point nous sommes imprégnés de cette attitude par laquelle « on exprime des sentiments, des opinions que l'on n'a pas ou que l'on n'approuve pas, soit par intérêt, soit par lâcheté. »
Dans ce cadre, il est bien difficile pour ceux qui veulent instaurer un Etat de droit, de pouvoir se retrouver. Un exemple basique est celui qui consiste à faire suivre un “bonjour” par un “comment ça va?” mécanique. Et si l’on se hasarde à répondre autre chose que “bien merci”, on sent tout de suite le visage de votre interlocuteur se décomposer par l’ennui et le désarroi.
C’est pourquoi notre hypocrisie sociale consiste à s’abstenir de répondre sincèrement à la question. Le genre de réponse : « on va comme le pays » reflète assez bien cela. L’hypocrisie sociale chez nous se reflète sur un certain nombre de cas : Nous savons que la justice manque de moyens, mais nous continuons à dire que la justice doit être ceci ou cela ; Nous savons que notre fonction publique est pléthorique mais nous continuons à recruter des gens. Que notre masse salariale dépasse allégrement le seuil communément admis, mais la superstructure nomme à tour de bras des conseillers sans réelle attribution.
Quand des gens sont emprisonnés pour des détournements des deniers publics, nous nous empressons d’aller demander à la notabilité de jouer les intermédiaires avec le pouvoir politique.
Nous accusons les « gros » directeurs de dilapider l’argent public mais nous sommes les premiers à aller leur demande de nous rendre un service. Nous sommes contre les passe-droits dans les administrations, cependant nous n’avons jamais la patience de faire la queue comme le commun des mortels.
Combien de fois, nous changeons de sujet de discussions à l’arrivée d’un gros bonnet que nous saluons avec des courbettes alors qu’une minute auparavant, nous étions en train de casser du sucre sur son dos. Que des fois, nous nous empressons de participer à un Madjilisse de quelqu’un connu pour être un prédateur des biens publics et nous nous bousculons pour aller lui serrer la main, pour lui signaler notre présence.
En définitive, si nous voulons que les choses commencent à changer chez nous, nous devons d’abord refuser cette hypocrisie sociale qui contribue à enfoncer de portes ouvertes. La lutte contre la corruption ne peut pas se mener avec seulement une commission alors que nous savons dans quel contexte elle va évoluer.
Le président a fait de la lutte contre la corruption, un de ses chevaux de bataille. Cette lutte ne peut être isolée du monde dans lequel nous vivons. Les quelques exemples cités plus haut, montrent que nos compatriotes possèdent cette capacité à amortir les chocs pour essayer d’en tirer des bénéfices personnels. Cette façon de faire est porteuse de désillusions pour l’avenir car elle évite de chercher des solutions durables à nos problèmes.
Si pour certains, l’hypocrisie sociale est indispensable pour éviter de paraitre celui qui empêche les gens de continuer à s’y complaire dans leurs erreurs, chez nous elle a pris des proportions inquiétantes, car elle a gagné une grande partie de la société. L’hypocrisie sociale est devenue un sport national. Il est grand temps de secouer le cocotier !
Mmagaza
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