Le mandat creux
Alors que la vingt-deuxième conférence internationale sur les changements climatiques débute ce lundi matin à Marrakech au Maroc, il nous a paru intéressant d’examiner un peu comment s’organisent certains pays en développement pour aborder ces genres de négociation. En effet, selon des analystes, les négociateurs de la plupart des pays en développement ont un défi de taille à relever. Beaucoup de ces pays n’ont pas encore de vision claire de ce qu’ils entendent par développement durable, non plus que de cadre idéologique précis sur le plan politique. On vogue la plupart du temps, dans les méandres des recommandations des institutions financières internationales.
En outre, leurs négociateurs doivent choisir entre des données scientifiques contradictoires. Aussi, en matière d’orientation relative au climat, ils n’ont guère d’appui de la part des groupes environnementaux et sociaux de leur pays ni de leur secteur privé. Il n’existe pas d’objectifs à long terme clairement définis sur la question. Même si certains pays se sont donné des cadres de décision, ceux-ci sont souvent plus une affaire de forme que de fond.
Dans ces conditions, confrontés à une information scientifique et à des points à négocier de plus en plus complexes, les négociateurs représentant un pays en développement ont tendance à se limiter à des déclarations d’ordre général et à des observations de pure forme. En peu de mots, ils n’ont qu’un « mandat de négociation creux ».
Le problème des changements climatiques ne figurant pas parmi les enjeux publics ou politiques, la recherche de solutions ne bénéficie guère d’appuis politiques autres que de pure forme. On fait peu de liens concrets, à l’échelle nationale, avec l’énergie, les transports et l’agriculture. Les réunions d’orientation sur les changements climatiques relèvent plus de la forme que de la stratégie et sont peu nombreuses. La priorité est accordée à d’autres questions et à quoi il convient d’ajouter l’instabilité du personnel technique.
Il est aussi établi que la plupart des délégués se focalisent sur le discours que va prononcer le chef de la délégation au détriment des rencontres d’ordre technique qui peuvent apporter quelques solutions aux problèmes auxquels font face de nombreux pays.
Aussi les délégations se forment au petit bonheur la chance et dans une certaine opacité dans la mesure où tout cela se déroule comme dans un jeu de cache-cache. La plupart des délégués se rencontrant à l’aéroport au moment des départs et c’est quand ils arrivent sur place, qu’un semblant d’organisation s’esquisse, car il faut bien donner l’impression que l’on sert à quelque chose.
Un pays comme le Sénégal conscient de ses faibles moyens, met en œuvre toute une panoplie de mesures sur le plan de la logistique pour avoir à disposition un panel d’experts à moindre coût. Mais tout cela exige toute une préparation en aval pour une maitrise des dossiers et la composition des membres de la délégation est surtout au fait des négociations en cours.
Au final, les pays se retrouvent au même point de départ. Alors qu’il est suggéré que si la délégation est petite ou les ressources limitées, de s’appuyer sur les ONG pour obtenir de l’information, notamment sur l’organisation des travaux et œuvrer, avant le commencement des réunions formelles, à organiser une division du travail avec d’autres délégations. Mais quand le mandat est creux, que peut-on dire de plus ?
Mmagaza
Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.