Anjouan place le Partenariat pour le Dialogue Public-Privé (PDPP) au cœur de sa stratégie de développement. Le 28 août dernier, la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Artisanat d’Anjouan (CCIA) a accueilli une rencontre d’envergure consacrée à la restitution de la campagne de vulgarisation du PDPP. L’initiative, portée par le Secrétariat Technique Permanent (STP) en collaboration avec le Gouvernorat, vise à instaurer un cadre juridique clair et consensuel pour redéfinir les relations entre l’État et les opérateurs économiques.
« Promouvoir et réguler les contrats de partenariat public-privé » : tel était le fil conducteur de cette campagne de sensibilisation, destinée à mieux impliquer le secteur privé dans le développement économique tout en garantissant une régulation rigoureuse. Mohamed Bindjo, ancien responsable du programme PDPP à Anjouan et actuel président de la CCIA, a insisté sur l’importance du dispositif, qu’il considère comme « un levier stratégique pour le secteur privé, trop longtemps marginalisé dans les grandes décisions économiques ».
La restitution de Mutsamudu a permis de revisiter les principaux axes de la loi-cadre encadrant le PPP aux Comores : objectifs, définitions, cadre institutionnel, procédures de passation et d’exécution des contrats, mécanismes de contrôle, financement, sanctions et règlement des différends. Autant de thèmes jugés complexes mais indispensables pour une meilleure appropriation par les acteurs économiques. Pour Rastami Mouhidine, Secrétaire général du Gouvernorat, cette démarche est essentielle à « une appropriation locale des enjeux économiques et à la construction d’une gouvernance inclusive ».
L’événement a rassemblé un large panel : responsables d’administrations, directeurs de services, agents des douanes, membres du Syndicat des chauffeurs, élus de la CCIA et entrepreneurs issus de divers secteurs. Les discussions ont été animées, les opérateurs soulevant notamment des interrogations sur les mécanismes de régulation et les garanties de l’État. Dans son allocution de clôture, Rastami Mouhidine a salué la qualité des échanges : « Ce type de dialogue est fondamental pour renforcer la cohésion sociale et bâtir une croissance inclusive. Pour le Gouverneur, Dr Zaidou Youssouf, c’est dans la paix et la concertation que se construit une Anjouan plus forte et prospère ».
Toutefois, des réserves subsistent. En marge de la réunion, plusieurs opérateurs ont exprimé leurs inquiétudes, évoquant le précédent de l’affaire ONICOR, perçue comme l’exemple d’un partenariat public-privé mal conçu et coûteux pour le secteur privé. « Tant que les autorités n’assumeront pas la débâcle d’ONICOR, le PDPP risque de n’être qu’une coquille vide », estime un entrepreneur. Pour beaucoup, la réussite du programme passe aussi par un travail de mémoire et de réparation. Le PDPP se trouve donc à un tournant. S’il bénéficie d’une volonté politique affichée et d’un cadre institutionnel structuré, il doit encore regagner la confiance d’un secteur privé méfiant. La vulgarisation initiée à Anjouan marque un premier pas important. Reste désormais aux autorités de transformer l’essai, en faisant du PDPP non pas un slogan, mais un véritable moteur de transformation économique.
Younes
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