Hayati Hamadi Soulé, directrice générale de la Banque Populaire des Comores (BPC) née de la scission de la SNPSF en deux entités, revient sur les grands changements opérés suite à la séparation avec la poste. Dans un entretien exclusif accordé à La Gazette des Comores, elle nous explique les nouvelles perspectives de cette institution, qui vise à devenir leader de l’inclusion financière aux Comores. À travers une modernisation technologique, des produits bancaires adaptés et des mesures pour éviter le surendettement, la BPC ouvre une nouvelle page de son histoire. Interview.
Question : Pour vous qu’est-ce que l’inclusion financière par rapport à la SNPSF ?
H.H.S: L’inclusion financière en soi signifie la proposition d’une certaine gamme ou l’accès à une large gamme de produit financier à la population ou aux entreprises de manière à ce que ça soit adapté à leurs besoins. Donc pour la SNPSF, cela signifie accompagner la clientèle de façon à leur proposer des produits bancaires adaptés à leurs revenus et besoins.
Question : Vous venez de vous séparer de la poste, qu’elles sont les nouvelles perspectives pour satisfaire la clientèle?
H.H.S: L’ambition de l’état actionnaire de la banque est de faire de cette nouvelle banque, le leader de l’inclusion financière, c’est-à-dire qu’elle soit celle de tous les Comoriens quels que soient leurs revenus, lieux de résidence ou activités. Dans ce sens les perspectives c’est d’abord de trouver un lien pour fédérer tous les comoriens en trouvant des produits de financement pour la diaspora, pour les étudiants, pour les comoriens qui sont sur place, etc.
Question : Pendant longtemps la SNPSF n’à travailler que pour elle-même, comment comptez-vous protéger vos clients pour qu’ils ne tombent dans un tourbillon financier ?
H.H.S: Vous savez comme pour toute banque, l’activité bancaire implique des règles et des procédures à suivre. Donc la première priorité pour la banque aujourd’hui, c’est de mettre en place et d’exécuter des procédures en vue de protéger le client lorsqu’il accède à des produits de crédit. Par exemple, de protéger la banque pour limiter au maximum les risques liés à l’exposition de fuite de trésorerie et de proposer des produits où tout le monde s’y retrouve. Je m’explique, il s’agira par exemple, de respecter scrupuleusement le seuil de 33% de taux d’endettement pour le comorien. C’est-à-dire que le crédit soit adapté au revenu de socle pour que le comorien ne soit pas dans une situation de surendettement par surconsommation du crédit à la banque. Donc la priorité, c’est d’accompagner le comorien, de l’éduquer, de lui expliquer qu’est-ce que la banque, comment on consomme les produits de la banque et comment la banque peut être un avantage et non un inconvénient.
Question : Un mouvement de panique a eu lieu à cause des fermetures des guichets SNPSF, pouvez-vous nous expliquer ?
H.H.S: La SNPSF a été scindée en deux structures distinctes à savoir la banque et la poste. Donc dans le cadre de ce partage, il fallait à un moment donné figer, et rappeler toutes les caisses de sorte à ce que la poste puisse démarrer son activité avec les agences qui lui sont affectés et la banque pareillement. Dans ce lapsus de temps, il a fallu fermer les caisses et ensuite les rouvrir progressivement. En ce moment, toutes les agences du réseau de la SNPSF sont ouvertes. Bien évidemment, l’activité va se modifier dans les semaines à venir de façon à ce que la poste et la banque puisse chacune installer son activité dans les locaux qui leurs sont affectés.
Question : Pendant longtemps, la SNPSF a posé problème à cause des malversations, quel est votre plan pour ne pas créer une structure en adéquation avec les règles ?
H.H.S: Vous savez je ne pense pas être la personne la plus appropriée pour parler de malversation. Mais ce que je peux dire, c’est que la SNPSF, ouvre une nouvelle page vers de nouvelles perspectives pour le comorien où qu’il soit. La SNPSF, vient de faire une acquisition d’un nouveau système d’information qui permettra de moderniser l’institution avec une nouvelle gamme de produits bancaires, avec de nouveaux financements de crédit et nouvelles règles pour protéger la clientèle.
Question : Est-ce que dans cette modernisation vous pensez avoir besoin de nouveaux agents pour vous accompagner ?
H.H.S: La nouvelle banque va démarrer avec 92 personnes issues de la SNPSF, qui vont profiter d’une large gamme de formations en vue de renforcer leurs compétences. Cependant, pour soutenir cette nouvelle page de la SNPSF, des recrutements vont avoir lieu en vue de renforcer la performance de l’institution.
Question : La SNPSF a pris la décision d’arrêter toute opération de GAB, pourquoi ?
H.H.S: La SNPSF n’a pas décidé d’arrêter les ATM mais comme je vous l’ai dit précédemment, nous lançons une nouvelle page de la SNPSF avec l’acquisition d’un nouveau système d’information. Nous avons un système dernière génération bancaire qui est en train de s’implanter et un nouveau système monétique. Donc cela veut dire qu’on doit rebrancher le système existant vers le nouveau système donc cela implique une coupure momentanée des GAB, le temps d’installer les nouveaux et le paramétrer vers ce nouveau système. Il n’y a eu aucune décision d’arrêter les ATM, c’est juste pour proposer des outils plus performants et plus moderne pour la clientèle.
Question : En tant que dirigeante et mère y a-t-il un projet qui vous tient à cœur ?
H.H.S: Le projet qui me tient à cœur et phare de la future banque, c’est un accompagnement plus approprié de nos enfants, de nos étudiants qui seront la relève, la prochaine génération dirigeante de notre pays. Cela signifie que la banque sera en mesure d’accompagner l’étudiant avec des prêts adapté et dont le remboursement sera conditionné à la réussite de ses études. Imaginez un étudiant qui contracte un prêt étudiant à la banque pour aller terminer sa formation et où on va lui dire que ce prêt on va vous le libérer progressivement de façon mensuelle pendant la période de vos études. Et le remboursement va commencer à la fin de vos études. Mais vous avez obligation de venir travailler chez nous dans notre établissement pour rembourser votre crédit. Il existe deux avantages, Premier avantage c’est qu’il est assuré d’avoir un travail à la fin de sa formation. Et le second, pour la banque, l’économie nationale et pour le pays. C’est-à-dire nous aurons de l’expertise nationale qui pourrait être bénéfique, former les autres avec un rafraichissement de connaissance et d’expérience.Je tiens à souligner que tous les profils seront les bienvenus car à la banque il y’a plusieurs domaines.
Question : La situation des crédits à la SNPSF était figée, pourquoi ? Et qu’en est-il aujourd’hui ?
H.H.S: Comme nous l’avons évoqué tout au long de cet entretien la SNPSF vient d’être scindée en deux. Donc pendant cette scission il était important, pour protéger le bilan d’ouverture de chacune des sociétés qu’à un moment donné, on fige la situation pour mieux faire. Outre le fait qu’on est arrivé en fin d’année et qu’on était en clôture annuel. Donc pour ces deux raisons, nous l’avons fait. Pendant la clôture annuelle il fallait impérativement limiter les nouveaux dossiers et ensuite pour terminer ce travail de scission il fallait figer la situation pour ne pas créer une situation erronée au moment où la poste et la banque vont être autonomes.
Propos recueillis par Mohamed Ali Nasra
Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.