Film documentaire qui relate l’histoire de trois basketteuses qui peinent à pratiquer leur sport, « Carton Rouge » de Mohamed Said Ouma est sélectionné au plus grand festival du film documentaire du monde. Une fierté pour le cinéaste Franco-comorien qui, à travers ce tournage, raconte les hauts et les bas dans le sport comorien.
Le film documentaire « Carton Rouge » de Mohamed Said Ouma est sélectionné en l’avant-première du festival international du film-documentaire d’Amsterdam (IFDA). Une première pour le secteur dans la région Océan Indien. Et pour le réalisateur franco-comorien, cette sélection ne peut-être que « une fierté ». « C’est une reconnaissance d’un long travail et d’un long chemin. J’ai commencé ce projet en 2015 et aujourd’hui cela devient un film, c’est concret, c’est là. […], c’est aussi la reconnaissance de toute l’équipe du tournage », avance le cinéaste. Son plus grand bonheur, c’est d’avoir réussi à réaliser ce projet « avec des talents des îles » de l’Océan Indien. « Le directeur de la photo est mauricien, le monteur du film est malgache, mon assistante de réalisation est de La Réunion », lance-t-il pour évoquer la mixture indianocéanique.
Pour Ouma, « Carton Rouge » est un film documentaire qui peut voyager dans le monde entier et aussi faire parler des Comores et des compétences de la zone. « Je voulais réussir ce pari et je pense y arriver », estime-t-il. En attendant la projection en avant-première prévue pour le 22 novembre prochain, Mohamed Said Ouma et son équipe sont dans l’embarras. Ils peinent à trouver un financement pour finir le boulot. Une situation qui a incité au lancement d’une cagnotte sur le site kisskissbankbank.com et qui depuis son lancement à ce jour, n’est qu’à 34%.
Avec ce film Mohamed Said Ouma n’avait qu’une volonté : celle de « faire un film qui à la fois parle de sport, fasse un portrait des gens qui vivent dans ce pays et surtout de ceux malgré toutes les difficultés de ce pays, parce qu’il y en a beaucoup et on en montre dans ce film, continuent de pratiquer leur sport et de croire que le pays peut s’en sortir ». Avec « Carton Rouge », le franco-comorien cherche, d’une façon lucide comme il le dit, à rendre hommage à ceux qui ont contribué dans le sport comorien. C’est de ce fait que le personnage de Foundi Karnet est au cœur des scènes. « C’était très important de faire un portrait de ce que moi je ressens du pays, de ces problématiques, de ces formes de résilience qui se sont installés et qui n’ont pas besoin de grands discours politiques. C’est pour ça aussi que c’était intéressant pour moi de parler de basket et de parler de basketteuses parce que le sport y’en n’a pas que le football au pays et vu l’état des infrastructures, vu l’état des sportifs, de ce qu’on donne à la jeunesse pour faire du sport. Il fallait leur parler de tous ces gens qui aiment et pratiquent le sport au pays dans des conditions de précarité », démontre-t-il.
Après le festival, Ouma désirerait pouvoir venir au pays montrer le film aux protagonistes, ceux qui l’ont aidé, et puis engager des débats autour de ce que ce film peut apporter. « C’est du cinéma, c’est mon point de vue, c’est une vision qui m’est personnelle de ce pays, c’est une vision qui est la mienne et qui pour moi montre un pays qui est en fuite perpétuelle mais où certaines personnes restent debout », explique-t-il avant de regretter qu’envers une personne comme Foundi Karnet, « le pays n’ait aucune reconnaissance ». « C’est un homme qui a tout fait pour le sport comorien comme il le dit dans le film. Aujourd’hui, dans un autre pays qui fonctionne normalement, cet homme-là aurait eu un tas de médailles, serait dans une villa mais allez-y voir, il vit dans une cabane à l’approche d’Iconi. Ça serait symbolique que ce pays donne quelque chose à ceux qui l’aiment », estime-t-il.
Pour rendre le film dans les temps, l’équipe est dans une course contre la montre et cela doit se faire malgré tout car « il y a une super tremplin pour le festival mais aussi c’est une porte ouverte pour tous les autres réalisateurs comoriens qu’ils soient au pays ou dans la diaspora ». L’IFDA aura lieu du 18 novembre au 29 novembre, la projection de « Carton Rouge » est programmée pour le 22 novembre.
A.O Yazid
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