La validation de la loi sur le droit d’auteur ne fait pas l’unanimité au sein du milieu culturel comorien. Bien qu’elle soit utile pour structurer, protéger et punir, certains artistes disent que « seuls les arts musicaux sont mis en valeur sur le plan national » chose qui ne facilite pas la restructuration. Les acteurs des activités scéniques estiment qu’un ministère dédié aux arts et à la culture doté d’un budget conséquent doit être créé.
C’est désormais officiel. Les artistes obtiennent une loi pour la protection de leurs œuvres. Un ouf de soulagement pour le secteur et ses acteurs. Wahidat Hassani, directrice générale des Arts et de la culture, n’a pas manqué de se féliciter de cette avancée dans ce combat qui date de plusieurs années. « Après la validation et la promulgation de cette loi qui est plus que nécessaire dans la promotion de notre culture, nous devons passer à la deuxième phase », rappelle-t-elle. Pour Wahidat, l’application de cette loi doit être la préoccupation de tous les acteurs culturels en se demandant s’il faut ou pas un décret d’application. « Nous avons fait un long parcours jusqu’à en arriver là. Maintenant, nous devons travailler avec les artistes pour la mise en place du bureau national du droit d’auteurs avec l’assistance de l’Organisation Internationale pour la Propriété Intellectuelle (OAPI) », insiste la directrice générale des Arts et de la Culture.
Wahidat Hassani précise en effet qu’avec la promulgation de cette loi, ce n’est que le début et affirme qu’il faut mettre en place un autre texte sur le statut de l’artiste. Un projet qui selon elle « est un travail de longue haleine ». « Nous devons mettre en place le statut de l’artiste mais nous devons, ensemble, définir les critères pour savoir qui est artiste et qui ne l’est pas. Et delà, on peut tout mettre en place car ce statut de l’artiste est important », explique-t-elle en précisant que toutes ces lois doivent être vulgarisées.
Malgré cette avancée et la volonté des acteurs pour mettre en place ce cadre légal, certains artistes remettent en cause le champ d’application de cette loi. Certains artistes à l’instar de Salim Mzé Hamadi Moissi alias Seush s’indignent. Sans langue de bois, le patron du collectif de danse Tcheza dit être « contre cette loi ». « Dans un premier temps, on devait comprendre ce que c’est car moi personnellement en tant que créateur chorégraphe cette dernière ne m’avantage pas du tout. Bien que d’autres, des chateurs, saluent cette loi, je dirais que chacun doit parler de son domaine », dit-il dans un ton bien rassurant. Evoquant le manque d’espace de production pour les activités scéniques à l’instar de la danse et du théâtre, le chorégraphe de Tcheza rappelle en effet que « à la différence entre la musique et les autres (danse et théâtre), la première on peut l’écouter alors que les deux autres on les regarde ».
Parlant d’une négligence de la danse dans la société comorienne, Salim Mzé Hamadi dit que pour les Comores « il est inimaginable que l’on puisse vivre de la danse ». Une façon pour lui de mesurer l’importance de son activité et sa place dans cette loi sur le droit d’auteur et aux droits voisins. « Nos collègues artistes savent que dans le secteur, l’activité la plus avancée ces derniers temps c’est nous à travers (Tcheza). Nous sommes des ambassadeurs de la culture comorienne à travers le monde mais nous ne sommes pas considérés à notre juste valeur », s’indigne-t-il.
Créateur de spectacle de danse, Seush dit « créer pour les étranger » car « ce sont qui achètent, qui sont intéressés ». « Je me produis gratuitement ici pour montrer ma fierté d’appartenir à ce pays. Mais 97% de mes revenus provient de l’international et les 3% qu’on produit ici c’est gratuit alors que j’ai 10 personnes à entretenir », fustige-t-il en affirmant que « le pays n’est pas prêt à payer nos droits ». Pour Seush, la mission principale revient à discuter sur comment mettre toutes les activités culturelles au même pied d’égalité. « La loi en soi est une bonne chose mais pour un pays où la culture est structurée. Et sans cette structure, aucune opportunité n’est possible », rassure-t-il. Artiste international inscrit dans plusieurs centres artistiques, Seush n’ignore pas la pertinence du texte mais se demande sur « comment va-t-il pouvoir faire pour gagner ses droits » alors que les activités scéniques ne sont pas privilégiées aux Comores. Ainsi pour réussir à équilibrer tous les arts pratiqués, le patron de Tcheza dit que « le secteur doit être structuré par le biais du ministère ». « Il faut départager le ministère et créer un ministère des arts et de la culture et lancer une vraie politique culturelle et un budget conséquent en plus de ces lois », conclut-il.
A.O Yazid
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