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Le projet pilote de formation aux techniques de sculpture sur bois, initié par les gardiens du patrimoine culturel de Domoni (GPCD), ambitionne de transmettre un savoir-faire séculaire aux nouvelles générations. Lancé le dimanche 9 mars dernier et soutenu par l’ambassade de France aux Comores, il s’inscrit dans une démarche de préservation du patrimoine et de développement du secteur artisanal.
La ville de Domoni, riche de son héritage culturel et architectural, fait partie des six villes des Sultanats historiques des Comores. Son patrimoine, notamment ses palais ornés de boiseries sculptées, nécessite une restauration urgente. Pour cela, il est essentiel de former une nouvelle génération d’artisans capables de perpétuer cet art. « L’objectif est de préserver le savoir-faire local de Domoni en insérant des jeunes pour assurer la relève. Les formations vont leur permettre d’acquérir des compétences et de constituer une main-d’œuvre qualifiée pour anticiper les restaurations des monuments historiques de la ville », explique El Farouk Charif Houmadi, président et co-fondateur des GPCD.
Ce programme vise aussi à redonner espoir aux artisans locaux, souvent livrés à eux-mêmes. « Les sculpteurs sur bois se sentent abandonnés. Ce projet leur apporte une reconnaissance et les encourage à poursuivre la transmission de cet art ancestral », souligne-t-il. Financé dans le cadre du programme FEF-OSC 2024-2025, porté par l’ambassade de France aux Comores, le projet permet d’équiper deux ateliers de menuiserie avec des outils modernes. Pendant six mois de formation intensive et trois mois de travaux pratiques, dix jeunes apprentis seront formés aux différentes étapes de la sculpture sur bois : « Ils apprendront à traiter le bois, sculpter des motifs et finaliser des œuvres artisanales, afin de développer une véritable expertise dans ce domaine », précise El-Farouk Charif Houmadi. L’aboutissement du projet sera le salon de l’Artisanat, prévu entre octobre et novembre 2025. Cet événement mettra en avant les réalisations des jeunes formés et visera à attirer des visiteurs pour promouvoir le potentiel culturel de Domoni. « Aujourd’hui, certains artisans de la ville participent à des foires, mais cela reste insuffisant. Ce salon donnera une meilleure visibilité à Domoni et à son immense richesse culturelle et artisanale », estime le président des GPCD.
Au-delà de cette exposition, le projet s’inscrit dans une dynamique plus large ; la candidature des Sultanats historiques des Comores à l’UNESCO, officiellement déposée en février dernier. « Ce projet prépare une main-d’œuvre qualifiée pour restaurer les monuments historiques de Domoni, qui nécessitent un entretien régulier, notamment au niveau de la boiserie décorative », rappelle El Farouk Charif Houmadi. L’initiative va au-delà de la préservation du patrimoine. Elle vise à stimuler l’industrie artisanale et à créer des opportunités d’emploi pour les jeunes. « La sculpture sur bois, ou Nakchi, est un savoir-faire transmis de génération en génération. Mais les jeunes s’en désintéressent, et les artisans chevronnés vieillissent. Il devient urgent d’assurer la relève pour éviter la disparition de cet art unique », alerte-t-il.
Pour cela, le projet soutient directement les ateliers de menuiserie, en leur fournissant des équipements modernes afin d’augmenter leur productivité et rendre le secteur plus attractif. Au-delà du projet, les Gardiens du Patrimoine Culturel de Domoni militent pour une reconnaissance officielle de la ville comme capitale culturelle des Comores. « Nous voulons montrer au pays et au monde entier que Domoni est un joyau patrimonial qui mérite d’être mis en lumière », affirme El Farouk Charif. Grâce à cette initiative, Domoni est mise sur l’apprentissage, la transmission et l’innovation pour préserver son héritage culturel, tout en ouvrant de nouvelles perspectives d’avenir pour sa jeunesse.
Mohamed Ali Nasra
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