Pour l’anniversaire de ses dix ans, la Cie Tché-za consacre une semaine de spectacle pour ses fans. Le directeur artistique et fondateur de Tché-za, Salim Mze Hamadi alias Seush nous fait partager le programme et ses attentes. Il a accepté de répondre à nos questions.
Question : Qu’avez-vous prévu pour les dix ans de Tché-za ?
Seush : Nous avons prévu toute une semaine d’activités, riche en émotion. Nous allons commencer par une conférence de presse à l’Alliance française le 02 septembre, puis le soir on projettera un film documentaire qui retracera les dix ans de Tché-za. Nous avons prévu également une conférence débat le 03 septembre au CCAC, concernant la femme danseuse comorienne, car ces derniers temps les danseuses commencent à s’affirmer. Ensuite, le 04 septembre, nous allons animer des ateliers, on va parler des répertoires artistiques comoriens, car on s’est rendu compte qu’il y’a beaucoup d’œuvres qui ne sont pas répertoriées. On a essayé de répertorier tout ce qui est art urbain, littérature, théâtre etc… Nous avons invité beaucoup d’experts, des anciens, journalistes, photographes, musiciens, dans le but de ressortir une liste des œuvres. J’ai eu cette idée, quand je faisais des recherches en ligne sur les livres des danses traditionnelles aux Comores, je ne trouvais aucune réponse. Puis, nous aurons une soirée spectacle à l’Alliance ou il y aura un spectacle de 15 minutes d’Adolphe (sourd-muet). Nous l’avons travaillé durant 3 mois. Tous les spectacles seront gratuits sauf celui-ci car on veut collecter des fonds pour l’aider à partir apprendre le langage des signes soit à La Réunion, en Tanzanie ou au Kenya. Notre dernier évènement sera le fameux « Ye Mze ndo », prévu le 06 septembre une compétition phare que tout le monde attend, c’est « the competition », de la danse hip-hop. Comme nouveauté, cette année, nous aurons un groupe de Ndzouani et Ngazidja qui vont s’affronter.
Question : Quelle sera la particularité de cet événement ?
Seush : Avant, nous partions dans les quartiers, les régions, dans l’espoir de voir un développement de notre art mais on s’est vite rendu compte qu’il n’y avait pas de suivi. Donc pour ces dix ans, on veut se faire plaisir, on n’a pas invité des artistes ou danseurs étrangers. Cette année, ce qui est bien, c’est la présence féminine depuis le spectacle « shiromani ». Elle représente même l’équipe. Quand on a commencé Tché-za, on était beaucoup, il y avait trop de testostérone, ce n’est qu’en 2020-2021 que beaucoup de femmes sont de plus en plus présentes. L’équipe phare est dirigée par les femmes. D’ailleurs, pendant tous ces dix ans, la femme est venue finir le puzzle. Pour cette activité, nous avons eu le soutien de nos partenaires l’ambassade de France, le Retaj, etc.
Question : Pouvez-vous nous retracez le parcours de Tché-za ?
Seush : J’ai eu l’idée de créer Tché-za depuis 2012, quand j’étais à Dakar. Je suis l’un des premiers danseurs hip-hop aux Comores (du nom d’explosif dancer). J’ai suivi la danse, car elle est ancrée en moi, jusqu’à devenir professionnel. Et j’avais toujours cette image qu’il faudra que je revienne aux Comores pour créer ma compagnie. Je me suis toujours dit que si j’avais quelqu’un comme moi à l’époque pour m’encadrer, je n’aurais pas étudié les mathématiques. Ce n’est qu’en 2014 que je suis revenu aux Comores et avec la collaboration de mon ami Youssouf Abdoul Madjid, la compagnie a pris de l’ampleur. J’ai réuni tous les danseurs pour leur faire part de mon ambition, certains m’ont cru et d’autres non. Par la suite, On s’est retrouvé à 4. Nous quatre on a formé un groupe et commencé à faire des spectacles. Madjid et Moi, on a réfléchi sur trois volets à savoir le spectacle, former des gens et divertir.
En 2016, on a créé le premier festival jusqu’en 2018, on a commencé à aller hors des frontières. On a postulé sur un concours de Saint-Etienne, on était pris mais à cause des problèmes diplomatiques entre les Comores et la France, on avait perdu espoir pour les visas. Je suis donc parti en France nous vendre, j’ai fait 26 CD pour cogner tous les théâtres pour qu’on nous accepte. Heureusement, ils m’ont proposé le programme « soyons-fous » à leur festival. On est parti jouer en 2019 et une fois fini l’Institut du monde Arabe de Paris, nous a approchés par nous proposer une tournée à Nîmes, Montargis… C’est là où Tché-za a changé. Les gens ont commencé à découvrir la danse contemporaine hip-hop comorienne. Nous avons donc créé le spectacle Masiwa à Mwali. En 2021, l’année qui a changé notre vie, nous avons fait la fameuse tournée de Masiwa, nous étions programmés à l’opéra de la Bastille à Paris. Tous les journaux du monde ne parlaient que de nous. C’était une tournée de 3 mois. En 2023-2024, nous avons créé le spectacle « shiromani » qui met en avant la femme comorienne.
Propos recueillis par Mohamed Ali Nasra
Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.