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des Comores

Samra : « Nous devons collaborer pour aller plus loin »

Samra : « Nous devons collaborer pour aller plus loin » © : HZK-LGDC

Avec trois albums, deux trophées et membre de jury à l’émission Nyora, la diva Samra à travers sa voix douce a réussi à mettre son public d’accord. Elle continue à rayonner dans le monde à travers la musique comorienne. De passage à Moroni, elle a accepté de répondre aux questions de La Gazette/HZK-Presse.


Question : Vous êtes classée aujourd'hui dans la catégorie des artistes les plus célèbres de la musique comorienne et qui font la fierté du pays au niveau international. Avez-vous l'impression d’avoir réussi ?

Samra : Je n’ai pas encore atteint mes objectifs. Le chemin est encore long, il y a beaucoup  à faire. Je peux quand même dire aujourd’hui que je ne suis pas au même niveau qu’avant et je compte aller jusqu’au bout pour briller et faire la promotion de la chanson comorienne à travers le monde. La mise en avant de notre culture au quotidien m’est nécessaire parce qu'elle est riche et mérite d'être connue dans le monde.

Question : Lors de votre passage en France récemment à l'occasion de la finale de la 3e session de Nyora, vous avez reçu un trophée de Trace Awards. Que représente pour vous l'attribution de ce trophée ?

Samra : C’est une fierté déjà d’être nominée, cela représente beaucoup pour moi. Je suis très contente d’avoir remporté deux trophées et émue à la fois de cette distinction. Nous sommes nombreux à interpréter des chants de mariage « Ukumbi ». Cette musique fait partie de nos us et coutumes « Anda ». Et j’étais la seule à avoir cette chance. Cela est le résultat de tout le travail que je fais à travers la musique comorienne. Ces trophées sont significatifs surtout pour le toirab. Car c’est la musique qui nous définit et notre musique de base. J’aime bien  le valoriser et j’aimerais faire sa promotion dans le monde entier. J’ai été récompensée grâce à mon public et ça c’est une expérience que je ne risque pas d’oublier. 

Question : Est-ce que la musique a été toujours votre passion ?

Samra : La musique a toujours été ma passion. Dès mon plus jeune âge, j’avais deux choses que je portais dans le cœur. Je voulais être journaliste ou chanteuse. J’écoutais souvent et avec beaucoup d’intérêt feu Ben Abdou à la radio nationale, que ce soit dans le journal ou dans ses émissions. Aussi, la chanteuse Chamsia Sagaf, que je dirais que c’est mon idole, m’inspirais beaucoup. Aujourd’hui me voici chanteuse. La musique est ma passion, mais c'est aussi un travail.

Question : Votre admission en tant que membre du jury à l'occasion de la 3e session du concours Nyora est une surprise pour vous, ou vous vous y attendiez ?

Samra :Je m’y attendais un peu. Car le travail que je fournis dans la musique allait apporter ses fruits. Et qu’un jour j’allais coacher voire même apporter un apport à des jeunes talentueux. J’ai entièrement confiance à ce que je fais. J’étais très contente d’être sélectionnée comme membre du jury de l’Emission Nyora mise en place pour valoriser le talent caché des jeunes comoriens. Cette émission a pour but de promouvoir et de faire émerger des nouveaux artistes Comoriens. Je trouve que c’est un pas énorme. Cela me fait plaisir de participer dans un rôle qui était le mien, celui d’une artiste, chanteuse de chanson comorienne. C’est une expérience pour moi. En ce qui concerne l’organisation, elle était au top. Cette année, ils ont rehaussé le niveau par rapport aux années précédentes. Ils ne sont pas nombreux les gens qui s’impliquent à la culture comorienne. C’est vraiment un grand challenge d’organiser la finale dans une grande salle marseillaise comme le « Silo ». Je les félicite. En plus, il y’avait des talents et j’imagine si ces talents participent dans un concours au niveau de l’Afrique, ils pourront gagner.

Question : Selon vous, qu’est-ce qui freine le rayonnement de la musique comorienne à l’international ?

Samra : Je pense que pour faire émerger notre musique, il nous faut une collaboration avec le monde extérieur, une vraie collaboration avec les artistes de l’Afrique de l’Est. C’est avant tout nos voisins, nous avons beaucoup de points communs comme le toirab de zanzibar. Un pays comme la Tanzanie valorise ses chanteurs bien qu’ils ont de la richesse. Ces artistes brillent et le représente dans le monde. D’ailleurs à travers mes sons, je fais un mélange du Swahili. Nous sommes des bantous, mon idée est de faire connaitre nos voisins, car nous partageons la même langue et la même culture. Nous devrons avoir un comité de travail qui  permettra aux générations futures de s’épanouir. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Le chanteur est livré à lui-même. Notre pays a du talent dans la musique. L’on peut citer Soprano, Rohff, Allonzo, Imany, Zily, Goulam et tant d’autres. Nous avons des talents que nous devons conserver et valoriser. Le problème chez nous, c’est le manque de collaboration. Nous devons collaborer ensemble pour aller plus loin car nous avons des talents dans nos 4 îles.

Question : Certains vous ont accusé d’avoir rejoint le régime lors de votre passage à Beit-Salam ?

Samra : J’ai vu le chef de l’Etat, et c’est important pour moi en tant que comorienne et en tant qu’artiste. Nous avons le droit de rencontrer le président et lui confier nos difficultés afin qu’il nous aide. Et aujourd’hui, le secteur a un souci. Il faut noter qu’un pays sans culture est un pays sans identité. Donc j’ai été reçue à Beit-Salam pour que le président trouve des solutions à nos problèmes. Je vais prendre l’exemple de Diamond, il a évolué grâce au président Kikwete. Donc pourquoi Azali ne peut pas faire pareil ? Il est le père de la nation. J’ai composé une chanson pour la Présidente Samia Suluhu pourquoi je ne peux pas le faire pour Azali. Je ne suis pas politicienne, je suis chanteuse. Tout ce que nous pouvons c’est un dialogue pour mieux défendre nos droits.

Propos recueillis par Andjouza Abouheir

 


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