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des Comores

Rahim Elhad Ahamada : « Partager mon art au-delà des frontières »

Rahim Elhad Ahamada : « Partager mon art au-delà des frontières » © : HZK-LGDC

En tournée en Afrique notamment en Abidjan et à Bamako, le Parolier du Karthala, Rahim Elhad Ahamada de son vrai nom exprime la fierté de représenter le drapeau comorien à travers son art. Créé en 2018 à Dakar puis retravaillé en 2019 avec quelques nouveautés, le spectacle Bangwe Slam sera au rendez-vous de la MASA à Abidjan les 10 et 13 mars prochain puis au Mali du 16 au 22 le même mois. En attendant d'autres dates et d'autres projets dans les mois à venir, le natif de Mbeni, au nord-est de la Grande-Comore, parle avec nous de sa tournée en Afrique du Nord. Interview.


Question : Vous allez présenter votre spectacle Bangwe Slam en tournée en Afrique continentale en commençant par Abidjan. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?

 

Rahim Elhad Ahamada : C’est une belle opportunité et une expérience que j’aimerais vivre pleinement ! C’est l’occasion pour moi de partager mon art au-delà des frontières et c’est toujours un plaisir de représenter à la fois son pays et son pays d’accueil. 

 

Question : Le même spectacle a été présenté au Sénégal puis aux Comores au cours de l'année 2018. Qu'est-ce ce qui va différencier cet événement des deux autres outre la géographie ?

 

R.E.A : La différence est dans le fait que je travaillerai avec des musiciens non Comoriens qui vont apporter chacun une touche différente que d’habitude ! Et cela en tenant compte à la fois de la maturité que ce spectacle a pris entre temps et aussi des nouveautés que ce soit au niveau textuel ou musical. Je tiens à préciser que ce spectacle, je l'ai créé en 2018, j'ai joué sur deux dates au Sénégal puis sur deux autres aux Comores. En 2019, je l'ai retravaillé et rajouté quelques touches notamment en insérant quelques mises en scènes qui n'y étaient pas au premier. 

 

Question : Vous êtes un artiste doté d'un talent, un vrai parolier du Karthala. Qu'est-ce que cela vous fait de représenter les Comores à l'international ?

 

R.E.A : Comme je l’ai dit précédemment c’est un plaisir et un honneur en même temps. Mais à côté il y’a une certaine pression car avant de faire une pression pour toi tu veux faire comprendre que chez toi aussi il y’a du talent et tu veux te démarquer et faire tout pour mieux représenter ton drapeau. 

 

Question : Nombreux parmi vos textes sont en comorien. Comment faites-vous pour attirer vos auditeurs et spectateurs ? 

 

R.E.A : C’est la magie du slam, de la poésie ou même de l’art d’une manière générale. C'est qu’il n’a pas de langage. Tu peux ne rien comprendre mais en tirer du plaisir. Tout est une question de performance. Et j’estime avoir la compétence de faire passer un message au-delà des barrières linguistiques. 

 

Question : Après ce spectacle, qu'est-ce que vous réservez à vos fans ? 

 

R.E.A : Je compte programmer une tournée dans la mesure du possible et disons qu'on travaille également sur un album. 

 

Question : Quels sont les thèmes abordés dans le spectacle Bangwe Slam ? 

 

R.E.A : On aborde des thèmes tel que l’Afrique, les Comores, l’amour, l’art, la paix, nos rêves...On y trouve un peu de tout. En gros, les thématiques de la société, les thématiques qu'on discute dans nos Bangwé (places publiques, Ndlr). 

 

Question : Revenons un peu dans l'histoire. D'où vous vient cette passion de l'art oratoire ?

 

R.E.A : Je ne sais pas comment m'est venu cette passion mais je me rappelle que depuis mon plus jeune âge, je faisais du théâtre et des chants arabes à l'école coranique. Je suis bercé dans cet art du théâtre. Après des longues présentations en groupe, je me suis retrouvé à la présentation du théâtre monologue. Delà, j'ai rencontré Absoir à Mouzdalifa House et j'ai constaté une ressemblance avec mon théâtre ! J'ai vu Art de la Plume jouer et d'un coup, je me suis retrouvé dans ce bain du Slam. Mais avant, j'interprétais des anciens textes comoriens, ce qui m'a emporté dans ce sens. 

 

Question : Vous qui êtes étudiant, comment parvenez-vous à vos projets coté timing et financement ? 

 

R.E.A : Ce n’est pas toujours facile, à côté tu as une famille qui t’attends et tu veux jongler entre études et passion artistique sans pour autant les décevoir. Financièrement ce n’est pas non plus évident car pour réaliser certaines choses, là il faut beaucoup d’économie et heureusement certaines personnes de bonne volonté contribuent énormément ainsi que des institutions privées et de l'État sénégalais. Mais il faut avouer que beaucoup d’autres projets n’ont pas vu le jour faute de financement. Il faut aussi dire que je n'ai pas beaucoup d'occupations. Si je ne suis pas à l'école alors là je travaille pour mon Slam. Je ne fais rien que ça. Le Slam c'est ma seule passion. 

 

Question : Vous êtes devenus un « Teranga » (Sénégalais), qu'est-ce que vous aimez chez ce peuple ?

 

R.E.A : Justement c’est par cette terranga qui signifie en quelque sorte le bon accueil que je me sens directement chez moi. J’y ai trouvé une famille et j’en parle justement dans mon spectacle. 

 

Question : Un mot ou une expression que vous aimez chez les Sénégalais...

 

R.E.A : NIOFAR. Cette expression veut dire « on est ensemble » et pour eux, c'est une manière de positiver les choses. Plusieurs circonstances tournent autour de cette expression. 

 

 

Propos recueillis par A.O Yazid

 


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