La Gazette

des Comores

Patrimoine : Focus sur les sultanats historiques

Patrimoine :  Focus sur les sultanats historiques © : HZK-LGDC

Le Collectif du Patrimoine des Comores, avec le soutien de l’Ambassade de France, a organisé les 15 et 16 octobre derniers un colloque sur les enjeux de développement des sultanats historiques des Comores et la place des femmes. C’était l’occasion de discuter de l’inscription des sultanats historiques des Comores au patrimoine mondial de l’UNESCO ainsi que du rôle des femmes dans la préservation culturelle.


Les Comores possèdent une riche histoire marquée par l'influence de plusieurs sultanats. Ces derniers ont joué un rôle crucial dans le développement culturel, politique et économique de la région. Du 15 au 16 octobre 2024, un colloque s’est tenu à Anjouan, organisé par le Collectif du Patrimoine des Comores en collaboration avec l’Ambassade de France à Moroni. Situés à 300 km de la côte orientale de l’Afrique, les Sultanats Historiques des Comores (SHC) font partie intégrante de l’aire géoculturelle swahilie. Selon le Dr Bourhane Abdérémane, enseignant-chercheur et ancien directeur régional du CNDRS à Anjouan, toutes les données scientifiques disponibles en archéologie, en histoire et dans le domaine du patrimoine culturel, dans toute leur diversité, montrent une forte similarité, sans pour autant ignorer les spécificités distinctives entre la côte swahilie et les SHC.

Lors de ce colloque, cet expert en patrimoine a mis l’accent sur la présentation des médinas des Sultanats Historiques des Comores, leurs caractéristiques communes ainsi que les enjeux et les forces des SHC dans cet espace. « La valorisation du patrimoine des Comores est conditionnée par la durabilité de la conservation des sites et biens culturels. La création en 1979 du CNDRS n’a pas été accompagnée d’un budget suffisant pour remplir son rôle », a souligné Hadad Salim Djabir, directeur régional du CNDRS à Mohéli.

Les deux jours du colloque, intitulé « Enjeux de développement des Sultanats Historiques des Comores et la place des femmes dans la préservation du patrimoine culturel », ont mis en lumière le patrimoine des îles, des villes et des villages. Ce patrimoine forme le visage des Comores, constitué de monuments, de palais, de maisons princières, de places et de médinas, ainsi que de sites remarquables, qu’ils soient ruraux ou urbains. Le colloque a également souligné le rôle clé des femmes dans la sauvegarde du patrimoine, en tant que garantes des coutumes, des savoir-faire et animatrices des lieux.

 « Ces journées vont également mettre en avant l’engagement des acteurs comoriens du patrimoine, notamment du CNDRS, du Collectif du Patrimoine et des gardiens du patrimoine, avec une mention spéciale pour Mme Fatima Boyer, qui a permis d’initier l’inscription des Sultanats Historiques des Comores au patrimoine mondial de l’humanité. Elle a également montré la voie à suivre en matière de rénovation du patrimoine bâti aux Comores. Visiter aujourd’hui les rénovations du palais d’Ujumbé à Mutsamudu nous procure un magnifique voyage dans le temps des sultans », a avancé Ludovic Khamchane, attaché de coopération à l’Ambassade de France, représentant l’ambassadeur de France lors de ces journées consacrées aux sultanats historiques.

Le patrimoine culturel des Comores comprend plusieurs dizaines de monuments, bâtiments, ouvrages et sites de toute nature présentant un intérêt historique ou artistique à préserver. « C’est une chance pour tous les citoyens d’avoir, dans un rayon de quelques kilomètres, une façade, un édifice, un témoin de l’Histoire à contempler ou à visiter. Ce que nous avons acquis avec la notion de patrimoine, c’est aussi que la valeur du patrimoine n’est pas nécessairement déterminée selon une échelle de valeurs universelles, mais par celle que lui assignent les communautés qui l’identifient comme un élément procurant un sentiment d’identité et de continuité », a-t-il poursuivi. Il a ajouté : « Nous savons que les choses ont beaucoup changé depuis les premières démarches de protection du patrimoine, tout comme les enjeux. Aujourd’hui, ces enjeux sont d’ordre économique, environnemental, social et culturel. Je me réjouis que nous puissions aborder tous ces sujets cette semaine afin de préparer les Comores à cette inscription. »

Dans ce processus, l’Ambassade de France a clairement pris position depuis plusieurs années : soutenir la protection du patrimoine matériel et immatériel. À ce titre, elle a notamment financé, en partenariat avec le PNUD et le CNDRS, la réalisation des dernières études nécessaires pour permettre le classement des Sultanats Historiques, ainsi que la formation de guides, d’artisans à travers des chantiers-écoles, et de spécialistes du patrimoine.

Pour rappel, les Comores disposent d’un riche patrimoine culturel, fruit du métissage, dont les plus anciens vestiges encore visibles datent du XVIIIe siècle. Ce patrimoine comprend également des vestiges de la période coloniale. Après l’indépendance, ce patrimoine a été laissé à l’abandon, victime de destructions volontaires ou d’effondrements. Cependant, des Comoriens vivant en France, ainsi que des amis des Comores, se sont fixé pour objectif l’inscription de ces biens au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Depuis 2005, un processus d’inscription des sultanats au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO a été lancé, avec une accélération notable à partir de 2020. Une mission d’experts de l’UNESCO est arrivée à Moroni et a émis des recommandations pour faire avancer ce processus. Il s’agissait notamment de mener des études sur l’architecture urbaine, le patrimoine urbain, ainsi que des études anthropologiques, sociales, économiques, juridiques, historiques et sur le tourisme culturel.

Le vendredi 2 août 2024, le Centre National de Documentation et de Recherche Scientifique (CNDRS) a organisé un atelier d’échange sur les médinas des Sultanats Historiques des Comores afin de discuter des rapports effectués sur le terrain dans les médinas de Moroni, d’Itsandra, d’Ikoni, de Ntsundjini, de Domoni et de Mutsamudu. L’objectif de ces échanges était d’assurer le suivi et l’évaluation du plan d’activités lié au dossier d’inscription des sultanats historiques des Comores au patrimoine mondial de l’UNESCO.

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