La Gazette

des Comores

Livre : « Un séjour chez les affreux barbares », les témoignages face au régime révolutionnaire

Livre : « Un séjour chez les affreux barbares », les témoignages face au régime révolutionnaire © : HZK-LGDC

Quarante-trois ans après l’assassinat du Mongozi Ali Soilihi, ses deux ans et demi de règne alimentent le débat. Bien qu’il ait réalisé beaucoup de choses en si peu de temps, d’autres remettent en cause la manière dont son commando Mwassi agissait et vont jusqu’à parler d’un régime meurtrier. Patrice Ahmed Abdallah relate dans « Un séjour chez les affreux barbares » les témoignages d’un jeune qui a été avec ses amis victimes des atrocités dans la geôle des Mwassi.


Les bienfaits de la gouvernance des deux ans et demi du régime révolutionnaire d’Ali Soilihi Mtsashiwa se font ressentir après son assassinat et pourtant, pendant ce court mandat, le régime était considéré comme « meurtrier » et « tortionnaire ». Dans « Un séjour chez les affreux barbares », l’auteur décrit les misères dans les geôles du commando Mwassi, les humiliations et les mauvais traitements réservés à ceux qui osaient « s’opposer et/ou critiquer » le sirikali ya wufwakuzi (régime révolutionnaire). Pour l’auteur, Patrice Ahmed Abdallah, il s’agit d’« un roman autobiographique dans la mesure où l’auteur inclut des événements appartenant à sa propre vie ». Et comme tous ceux qui ont connu cette période et toutes « les atrocités » dont ont été victimes une partie des Comoriens, Patrice Ahmed Abdallah, natif d’Iconi, une ville dont une dizaine de personne serait tombée par balles, fait savoir que les 124 pages qui constituent ce récit ne constituent « ni accusations ni procès ».

 

« Il s’agit des témoignages vécus par un adolescent, d’ailleurs, celui-ci ne porte ni jugements ni réflexions mais se contente de relater une histoire : la sienne, vécue à une époque où le pays traversait une période inhabituelle », explique l’auteur. Dans ce récit, tout commence avec l’emprisonnement d’un groupe de collégiens dont faisait partie le personnage principal du roman, « dans le camp des commandos Mwassi ; les atrocités dont lui et ses compagnons de geôle ont été victimes ». Un emprisonnement dont la rébellion serait l’origine. Avaient-ils le droit ou pas de contester la décision de transfert du collège d’Iconi à Mbachilé ? L’auteur n’émet aucun commentaire là-dessus peut-être comme il l’a dit « il n’est ni questions de jugements  ni de réflexions ». 

 

Bien qu’il ne le considère pas comme un roman d’histoire ni de politique malgré qu’il livre dans celui-ci « un récit sous forme de témoignage », Patrice réconforte sa position et affirme ne pas faire le procès d’un régime mais « le témoignage d’une histoire personnelle vécue pendant la révolution soilihienne ». Une histoire personnelle. L’auteur serait-il Sayi-Daly, le personnage principal ? Questionné sur les personnages cités dans ce livre pour prouver le côté autobiographique de l’œuvre, l’éditeur de Kalamu Des îles dit que « tous les personnages cités dans le livre ont bel et bien existé. Quant aux noms, certains sont fictifs et d’autres vrais ».

 

Dr Soulaimane Soudjay, Juriste-politologue et préfacier de ce roman fait une faible comparaison entre « La République des imberbes » de Mohamed Toihiri, « L’indépendance dans la citerne » d’El Aniou et « Un séjour chez les affreux barbares » mais contrairement aux deux premiers, Dr Soulaimane Soudjay met l’accent sur les détails apportés dans celui-ci à travers « un style lyrique et enlevé ». L’auteur semble être de cet avis et cite en reprenant les mots de Soulaimane. « La République des Imberbes est une critique romancée de la période et du régime d'Ali Soilihi, L’indépendance dans la citerne est une sorte de réquisitoire contre le régime révolutionnaire d’Ali Soilihi et quant à Un séjour chez les affreux barbares, c’est un récit, à peine romancé, pour les besoins de la narration, de ce que l’auteur a vécu dans sa chair et dans ses tripes alors qu’il n’était qu’un jeune adolescent insouciant et encore indifférent à la politique ».

 

« La lecture de ces trois ouvrages permettront certainement de susciter le débat  sur la période dite révolutionnaire d’Ali Soilihi, un débat contradictoire mais que j’appelle de mes vœux, constructif », insiste-t-il. Ce n’est pas parce que l’auteur raconte les faits au détail près que l’homme ne peut pas interagir et condamner et Patrice Ahmed Abdallah dit que « avec le recul, je condamne vigoureusement l’assassinat d’Ali Soilihi-le Mongozi-, comme j’ai condamné ceux de nos présidents ». Le débat est une nouvelle fois lancé…

 

A.O Yazid

 


Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.