C’est au Centre national de la documentation et de recherche scientifique (CNDRS) que Touhfat Mouhtare a présenté son premier roman, dix mois après sa sortie. L’écrivaine qui dit n’avoir jamais eu l’ambition de publier son roman, connait aujourd’hui un grand succès avec « Vert Cru », nommé parmi les dix meilleurs romans de la Francophonie avec le prix Senghor.
« C’est à travers l’écriture que je m’exprime le mieux et sans limite », a confié Touhfat Mouhtare, auteur de "Vert cru". Timide, la jeune femme, native d’Itsandra présentait son roman au Cndrs, devant une foule éclectique. « Quand on a un naturel réservé, on a besoin de quelque chose comme la musique, la photo, l’écriture,... qui nous permettrait d’exprimer ce qu’on ne peut pas dire ». Pour elle, ça sera l’écriture. Un choix qui s'explique en partie par l'héritage culturel qu'elle a reçu de ses parents, sa mère particulièrement, une grande lectrice. « J’étais baignée dans la littérature dès toute ma petite parce que ma mère était une grande lectrice. Je passais mon temps à me cacher et à feuilleter ses livres ».
La famille, elle est importante et omniprésente. Dans sa vie comme dans ses écrits. C'est justement en discutant avec son père qu'a germé l'idée d'écrire "Vert cru". « Il y’a toujours un déclencheur... Je me suis toujours interrogée sur les poids que nous héritons, les douleurs, les blessures ou même les bons moments ». Durant son intervention, Touhfat Mouhtare concède que l’intrigue de son roman tourne autour de la figure du père. Elle y retrace la question de l’héritage culturel, religieux, familial,... tout en abordant d’autres thèmes notamment le « mode de pensée, la manière de voir les choses ».
« Vert Cru », l’intrigue
C’est l’histoire d’une jeune femme qui vivait en France et qui n’avait aucune attache avec son île. Adoptée par une américaine et un pilote français d'origine comorienne qui a péri au large de son l’île après le crash de l'avion qu'il conduisait. La jeune femme, Rhen, se pose des questions sur son identité, ses racines, son histoire familiale après la mort de son père adoptif. « Pour qu’elle puisse avancer, elle a besoin de se reconnecter avec cette histoire-là avec laquelle elle s'est complètement détachée », explique l’auteure d'Ames suspendues, un recueil de nouvelles, sa première pépite qui a reçu et reçoit encore les éloges des férus de littérature. Rhen, de retour sur sa terre natale, va chercher à retrouver sa mère biologique.
L'occasion pour elle de découvrir son île et apprendre certains aspects de ce pays qu'« elle idéalisait peut-être », d’une société qu’elle avait besoin de rencontrer et voir comment sa mère a marqué les vies des gens qui vivent sur cette île. «Elle va aussi découvrir qui elle est », explique l'auteure. Une quête personnelle dans laquelle elle trouvera les réponses aux questions qu'elle s'est toujours posée mais aussi la paix. Paix avec elle-même, paix avec ses origines, que jusqu'ici seul son père incarnait.
Un roman qui s'avère être d'introspection puisque Touhfat Mouhtare confie à la fin que c’est en écrivant le roman qu’elle a découvert son île d’origine, Ngazidja. « L’écriture de ce roman m’a permis de faire, en quelque sorte, la paix avec un certain aspect de cette mémoire que je pouvais rejeter ou à laquelle je pouvais prétendre être indifférente ». « Vert Cru », publié aux éditions l'Harmattan, permet pour qui s'y plonge, de comprendre et de reconstituer l’Histoire, la mémoire et/ou la culture de l’île voire même de l’archipel... Une fiction emplie de fenêtres, avec vue sur nos vies, qui mènent de bout en bout vers une vérité que, peut-être, nous ne nous autorisons pas à voir.
A.O Yazid
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